Pourquoi l’activité physique protège notre corps et notre cerveau contre les maladies ?
Dix mille pas et plus. « A chaque fois, au bout de quinze ou vingt minutes de course, j’ai l’impression d’y voir plus clair dans ma tête », raconte cette collègue qui fait du jogging trois fois par semaine. Au fil de sa séance surviennent, par exemple, de nouvelles idées de sujets, l’attaque d’un article (son début) qui tardait à venir. Elle désamorce aussi des inquiétudes, en « trouvant dans [sa] tête qui court la bonne formule pour parler à quelqu’un, organiser quelque chose ».
Fondue de course à pied – sport auquel elle a consacré un essai, Petit Eloge du running (éditions François Bourin, 2018) –, la jeune écrivaine Cécile Coulon a, elle, longuement décrit sur les ondes de France Culture comment sa pratique l’aide à construire l’histoire, les personnages, le suspense de ses livres. Au fil des foulées et de la concentration qu’elles imposent, « tout ce qui est inutile quitte la pensée », assure-t-elle. Et de résumer : « Intellectuellement, on s’affine en courant. »
Ce constat que tête et jambes vont de pair ne date pas d’hier. « Au moment où mes jambes commencent à bouger, mes pensées commencent à couler, comme si j’avais donné de l’air au ruisseau à l’extrémité inférieure et qu’en conséquence de nouvelles fontaines s’y déversaient à l’extrémité supérieure », théorisait le philosophe Henry David Thoreau, au milieu du XIXe siècle. Son contemporain Friedrich Nietzsche, grand marcheur, est même allé jusqu’à prétendre que « seules les pensées qu’on a en marchant valent quelque chose ».
Amélioration des performances cognitives
Qu’en dit la science ? S’agissant de la pratique régulière d’une activité physique (AP), ses multiples bénéfices pour le cerveau ont été bien documentés. Il est notamment démontré que bouger améliore les performances cognitives et protège des maladies neurodégénératives. Les données sont plus nuancées s’agissant des effets « aigus » d’une séance sportive.
« Quasiment toutes les études retrouvent une augmentation des performances cognitives, plus ou moins marquée selon le type d’activité physique, l’âge des participants, les fonctions testées, résume Olivier Dupuy, enseignant-chercheur au laboratoire MOVE (mobilité, vieillissement et exercice), à l’université de Poitiers.
Les bénéfices sont présents dès les quinze premières minutes de la séance et persistent jusqu’à une heure, voire deux, après la fin de celle-ci. » Ces effets aigus sur les performances cognitives sont plus nets sur les fonctions dites « exécutives » : la mémoire de travail, la flexibilité, l’inhibition et la planification. Ces fonctions correspondent surtout au cortex préfrontal. Source