contenu de l'article
Dans la plupart des cas, la cystite est une infection « banale », qui se traite grâce à un traitement antibiotique rapide ou qui disparaît spontanément. Cependant, chez certaines personnes plus fragiles, dont les femmes enceintes, le traitement est un peu plus complexe. voici pourquoi.
Cystite que faire – Article rédigé par le Dr Henry, chirurgien urologue à l’hôpital Privé d’Antony (Paris)
La cystite, ou infection de la vessie, est une infection urinaire très fréquente. Elle touche le plus souvent des femmes jeunes et en bonne santé.
Dans la plupart de cas, l’infection n’est pas inquiétante : elle se traite rapidement, grâce à des antibiotiques. Lorsque les symptômes sont légers, une bonne hydratation suffit parfois à régler le problème. En fait, sans traitement antibiotique, on estime que 25 à 45% des cystites guérissent d’elles-mêmes.
Cependant, lorsque la cystite survient chez des personnes âgées, chez une femme enceinte, ou chez des patients souffrant d’autres maladies, elle peut être plus difficile à traiter et entraîner davantage de complications.
Pour cette raison, les médecins distinguent plusieurs cas de figure, nécessitant des stratégies de traitement différentes :
- La cystite aiguë simple : il n’existe pas de risque de complications. « C’est le cas des cystites survenant chez des femmes jeunes sans facteur de risque ou chez des femmes plus âgées mais ne souffrant pas d’autres pathologies », selon le site de l’Assurance maladie en France.
- La cystite survenant chez la femme enceinte : les infections urinaires sont fréquentes pendant la grossesse (10% des femmes environ), c’est pourquoi elles sont dépistées de façon systématique à partir du deuxième trimestre (à l’aide de bandelettes). Elles doivent être traitées rapidement, même s’il n’y a pas de symptômes, en raison du risque élevé de complications. La fièvre, notamment, et l’infection potentielle des reins, peuvent être dangereuses pour la mère et le bébé, augmentant le risque d’accouchement prématuré.
- La cystite aiguë dite compliquée : il faudrait plutôt dire « cystite à risque de complications ». C’est le cas par exemple chez les personnes très âgées, hospitalisées ou souffrant de maladies chroniques comme le diabète, l’insuffisance rénale, un déficit immunitaire, etc, mais aussi chez les femmes enceintes et chez les enfants de moins de 15 ans.
- La cystite récidivante : environ 20 à 30 % des femmes ayant eu une cystite aiguë se plaignent de récidives. Une cystite est considérée comme récidivante s’il y a eu au moins 4 épisodes sur une période de 12 mois ou lorsqu’un épisode réapparaît dans un délai inférieur à 3 mois après l’épisode initial. Dans ce cas, il est nécessaire d’analyser les urines pour déterminer quelle bactérie est en cause et pour trouver l’antibiotique adéquat.
Cystite aiguë simple : traitement express !
En cas de cystite simple, sans risque de complication, le mot d’ordre est de traiter de façon « éclair ». Le mieux ? Un traitement qui se prend en une seule dose, et qui permet de régler le problème dans la majorité des cas.
La fosfomycine-trométamol (c’est son nom), se prend en dose unique de 3 grammes. C’est aujourd’hui le traitement privilégié, en France du moins.
En Amérique du Nord, ce traitement est également recommandé, mais un antibiotique devant être pris pendant 3 jours est davantage prescrit. Il est aussi prescrit en France.
C’est le triméthoprime-sulfaméthoxazole, à prendre deux fois par jour pendant 3 jours. Cependant, dans certaines régions, les bactéries sont très résistantes à cette combinaison. Ainsi, les médecins doivent si possible connaître le taux local de résistance avant de choisir leur prescription. Au Québec, environ 15% des entérobactéries (qui causent 90% des cystites) sont résistantes au triméthoprime-sulfaméthoxazole.
Si le taux de résistance est supérieur à 20%, ce traitement n’est pas recommandé.
Enfin, d’autres antibiotiques sont efficaces contre les infections urinaires. C’est le cas des fluoroquinolones et de la nitrofurantoïne, elle aussi indiquée dans la cystite aiguë simple, à raison de 100 mg 3 fois par jour pendant 5 jours.
En France, toutefois, ce médicament est relégué en second, voire en troisième choix, car une enquête de pharmacovigilance a montré qu’il pouvait entrainer des effets secondaires hépatiques et pulmonaires.
En effet, en 2012, l’Agence Nationale de sécurité du Médicament et des produits de santé a précisé que la nitrofurantoïne devait être réservée à la petite fille à partir de 6 ans, l’adolescente et la femme adulte seulement lorsque les bactéries en cause sont sensibles à cet antibiotique et lorsqu’aucun « autre antibiotique présentant un meilleur rapport bénéfice/risque ne peut être utilisé par voie orale ». Dans les autres pays, les recommandations internationales continuent à préconiser la nitrofurantoïne, souvent en première intention.
Cystite à risque de complication : viser juste !
Qu’elle survienne chez la femme enceinte ou chez une personne atteinte d’une maladie chronique, ou affaiblie, la cystite aigue est alors considérée comme « compliquée », car le risque de complications est élevé.
La grosse différence avec les cystites simples, c’est qu’il faut être certain que le traitement va viser juste. Au lieu de donner le même antibiotique à tout le monde, le médecin va réaliser une analyse bactériologique en laboratoire (ECBU) : les urines vont être « mises en culture », pour voir quelles sont les bactéries responsables de l’infection, et on va tester différents antibiotiques pour en choisir un auquel elles sont sensibles. Il existe en effet de plus en plus de résistances aux antibiotiques, et il ne faut pas prendre le risque de prescrire un traitement qui ne fonctionnera pas.
Cette analyse préliminaire requiert de différer légèrement le traitement en attendant les résultats de l’analyse. Ce n’est pas toujours possible (cas urgents), mais c’est la voie privilégiée.
Les recommandations varient selon les pays et il y a trop peu d’études cliniques pour établir un guide de traitement précis. Selon la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF), voici le traitement recommandé, par ordre de préférence, que le médecin choisit bien sûr en fonction des résultats de l’examen d’urine :
– Amoxicilline pendant 7 jours
– Pivmécillinam pendant 7 jours
– Nitrofurantoïne pendant 7 jours
– et en 4ème intention, une combinaison amoxicilline-acide clavulanique (7 jours), du céfixime (7 jours), une fluoroquinolone (ciprofloxacine ou ofloxacine, pendant 5 jours), ou une combinaison triméthoprime-sulfaméthoxazole pendant 5 jours.
Cystite récidivante : hygiène et canneberge
C’est un cauchemar pour bien des femmes : il n’est pas rare que les cystites récidivent, revenant 4 fois par an ou même plus. Plusieurs facteurs sont connus pour favoriser ces rechutes, notamment les rapports sexuels, l’utilisation de spermicides, mais aussi une susceptibilité familiale aux infections urinaires.
Le traitement de chaque épisode est similaire au traitement d’une cystite simple. Cela étant, il est souvent recommandé de faire une analyse bactériologique poussée des urines pour s’assurer que les bactéries en cause ne sont pas résistantes au traitement. Le médecin peut aussi prescrire des traitements à l’avance, à prendre dès l’apparition des premiers symptômes.
Enfin, certaines mesures d’hygiène doivent être appliquées scrupuleusement : boire beaucoup, ne pas se retenir pour aller uriner, aller aux toilettes après les rapports sexuels… Et il est conseillé de boire du jus de canneberge dès que les brûlures urinaires surviennent ! (*)