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La violette… en gelée et en sirop
À feuilles poilues ou non, en forme de coeur ou de rein, portées ou non sur une tige, à fleurs blanches, jaunes, bleues ou violettes, avec ou sans stolon, les espèces de violettes dans le monde se comptent par quelques centaines. Au Québec, on en dénombre 26, en plus de nombreux hybrides qui se forment spontanément au gré des visites des insectes pollinisateurs.
La plupart du temps petite, presque insignifiante, la violette ne se distingue véritablement de la flore environnante qu’au moment de sa floraison, qui peut être spectaculaire lorsqu’elle couvre de grandes étendues. Mai est assurément le mois pour la cueillir.
Peu particulière quant à son habitat, on la trouve un peu partout, en forêt pour certaines variétés, dans des champs plutôt ombragés ou carrément au soleil pour d’autres, en terre humide ou sèche, sablonneuse ou tourbeuse… Bref, si vous ne trouvez pas de violettes au moment de la floraison, c’est que vous n’avez pas envie d’en trouver.
La violette ! ça se mange ?
Les jeunes feuilles se mangent crues ou cuites. Mucilagineuses, elles donneront de la consistance à une soupe ou un bouillon clair. Elles sont riches en vitamine C (210 mg par 100 g) et sans être très élevée, leur teneur en bêta-carotène n’est pas négligeable (824 mg en équivalent-rétinol par 100 g). Leur forme originale et leur couleur égaieront les mescluns printaniers et leur finesse contribuera à équilibrer les saveurs plus prononcées du cresson, de la chicorée ou de la moutarde.
Quant aux fleurs, bien sûr, on peut les ajouter aux salades, mais traditionnellement, elles ont surtout servi à confectionner des sirops et des gelées ou, cristallisées, à décorer gâteaux et autres desserts. Les fleurs de violettes cristallisées sont d’ailleurs toujours une spécialité de la ville de Toulouse, en France. En Allemagne, on les met parfois à flotter dans le traditionnel Vin de mai, un mélange de vin de Moselle et de champagne dans lequel on a fait macérer des morceaux d’orange et d’ananas ainsi que des tiges d’aspérule odorante, une plante sauvage extrêmement aromatique.
Le sirop de violettes, dont la recette est donnée dans Documents associés, pourra entrer dans la préparation de glaces ou de sorbets maison, napper crêpes, gaufres, gâteaux et quoi encore!
Et ça soigne quoi?
Étant donné sa richesse en mucilage, on ne s’étonne pas que les herboristes aient recommandé la violette pour soigner la toux et la bronchite ainsi que la constipation légère, un peu comme pour la graine de lin. Dans les hôpitaux, on préparait jadis à cet effet le sirop violat, dont voici la recette.
- Verser 1 litre et demi d’eau chauffée à environ 45° C sur 450 g de violettes.
- Agiter pendant quelques minutes puis passer en pressant légèrement pour exprimer le liquide.
- Peser ensuite les pétales de violettes, les mettre dans la partie supérieure d’un bain-marie, ajouter deux fois leur poids d’eau bouillante et laisser infuser 12 heures.
- Passer en pressant pour exprimer le liquide. Cette fois, c’est l’infusion qu’il faut peser et lui ajouter le double de son poids en sucre en laissant ce dernier se dissoudre partiellement dans l’infusion avant de chauffer au bain-marie jusqu’à parfaite dissolution. Mais pas plus. Retirer du feu aussitôt.
Toutes ces opérations complexes avaient pour but de préserver les principes actifs, facilement dispersables, des fleurs de violette.
Conservez le sirop au réfrigérateur dans des bouteilles de vin bien nettoyées et fermées avec un bouchon de liège ou scellez les bouteilles avec de la paraffine et conservez-les dans un endroit frais.
Pour les bronchites et la toux, on a recommandé de prendre 30 à 50 g par jour. Aux enfants, on en administre 1 c. à thé, une ou deux fois par jour. Étant donné la quantité de sucre qu’il y a là-dedans, ils ne se font généralement pas tordre le bras pour prendre leur potion!
Pour soigner la constipation légère chez les tout-petits, on administrait un mélange de 1/2 à 1 c. à thé de sirop avec la même quantité d’huile d’amande.
Les feuilles cuites dans l’eau ou fraîches et broyées ont été utilisées en cataplasmes pour soigner les gerçures des seins.
Faites sécher une partie de votre récolte de fleurs de violettes. Pour cela, vous les placerez sur une toile moustiquaire montée sur un cadre de bois. La toile de moustiquaire devrait être en nylon plutôt qu’en métal, car ce dernier risque d’oxyder les fleurs délicates. Placez votre cadre autant que possible dans un endroit sombre pour éviter que les fleurs ne se décolorent. Si le temps est trop humide, chauffez votre four à 200° F, mettez les fleurs sur une tôle à biscuits recouverte de papier ciré et laissez-les de quatre à six heures, porte entrouverte. Laissez-les ensuite refroidir puis conservez-les dans un contenant de verre, de préférence opaque. Sinon vous devrez le ranger dans un coin obscur.
Saviez-vous que ?
- Selon Pline L’Ancien, une couronne de violettes placée sur la tête aurait le pouvoir de soigner un mal de crâne ou de soulager les effets des « lendemains de veille ».
- Connaissez-vous l’expression jouer les violettes ? Elle signifie, pour un personnage public, être discret, se faire soudainement discret.
Recherche et rédaction : Paulette Vanier - PasseportSanté.net