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Voici une large gamme de veinotoniques proposée en pharmacie pour lutter contre les ennuis de Jambes lourdes, chevilles gonflées, douleurs le long des veines, varicosités ou varices : ces symptômes de l’insuffisance veineuse, qui touche 5 à 30 % des adultes, principalement des femmes.
Les veinotoniques, pour quoi faire ?
Comme leur nom l’indique, les veinotoniques sont des substances ayant un effet tonifiant sur les veines, c’est-à-dire sur les vaisseaux sanguins qui ramènent le sang vers le cœur.
Bien souvent, pour des raisons encore mal comprises, la paroi des veines se distend, perd en tonicité. Les vaisseaux se dilatent et peinent alors à assurer la remontée du sang vers le cœur. Les symptômes de cette insuffisance veineuse se font surtout sentir dans les jambes : c’est là que les veines ont le plus de « travail » à faire pour empêcher le sang de stagner, à cause de la gravité… Résultat ? Des jambes lourdes, parfois enflées, des varices, des douleurs, des crampes nocturnes et, dans les cas graves, des ulcères ou des complications chroniques comme des thromboses veineuses.
Les veinotoniques, aussi appelés phlébotoniques, regroupent en fait de nombreux
médicaments dont on ne connaît pas toujours bien le mode d’action. Ils contribuent entre autres à :
- renforcer la paroi des veines
- augmenter leur tonicité
- diminuer la perméabilité des parois et donc le risque d’œdème
- augmenter le drainage lymphatique.
Ces médicaments sont aussi préconisés pour le traitement des hémorroïdes.
Une classe hétérogène de médicaments
Les phlébotoniques ou veinotoniques regroupent de nombreuses classes de médicaments.
Ils sont le plus souvent constitués d’extraits de plantes (des flavonoïdes), mais certains contiennent aussi des composés synthétiques, ayant souvent les mêmes propriétés que les flavonoïdes naturels.
Sur le marché, il existe un nombre très élevé de produits indiqués pour soulager les jambes lourdes et l’insuffisance veineuse.
Pour donner un aperçu de l’étendue des choix, une étude en 2005 destinée à évaluer l’efficacité des phlébotoniques a comparé des médicaments impliqués dans plus de 40 essais cliniques et appartenant à la classe des rutosides, des flavones synthétiques (flavoxate, diosmine, hidrosmine, flavodate disodique), du dobésilate de calcium, du chromocarbe diéthylamine, de la Centella asiatica (plante médicinale), de l’extrait d’écorce de pin, de l’extrait de pépins de raisin, de l’aminaftone….Bref, la liste est longue !
Devant le nombre de médicaments existants, on comprend qu’il soit difficile de s’y retrouver lorsqu’on cherche un veinotonique…
La première étape ? Demandez conseil au pharmacien ou au médecin, qui sauront vous guider selon vos facteurs de risques et la gravité de la maladie veineuse.
Une efficacité controversée ?
En France, les veinotoniques ont longtemps fait partie des médicaments les plus consommés. Le pays en était le plus gros consommateur européen. En comparaison, les nord-américains en consomment très peu et la gamme de produits disponibles est bien plus restreinte…
Cependant, à la suite de la réévaluation du « service médical rendu » par les veinotoniques de la part des autorités de santé françaises en 2006, ces médicaments ont été pris en charge à un taux transitoire puis totalement déremboursés en 2008.
Est-ce parce qu’ils sont inefficaces ? Pas vraiment. De nombreuses études montrent que plusieurs substances soulagent de façon indéniable les douleurs et les sensations de jambes lourdes. Cependant, les veinotoniques ne soignent pas la cause de l’insuffisance veineuse (qui est complexe est mal connue) et ne préviennent pas non plus son aggravation, pas plus qu’ils ne permettent de diminuer objectivement le diamètre des veines.
C’est pour ces raisons que le déremboursement a été décidé, entrainant une chute des ventes d’environ 50%.
La phytothérapie, une valeur sûre
On l’a vu, la plupart des veinotoniques sont en fait des extraits de plantes. Pas étonnant, puisque de nombreux végétaux ont un effet bénéfique sur la circulation sanguine et sur la tonicité des vaisseaux.
Les produits présents sur le marché sont souvent des combinaisons de plantes veinotoniques ou des extraits purifiés.
Voici les plantes dont l’efficacité est reconnue :
- L’extrait de pépins de raisin (oligomères pro-cyanidoliques)
- Les feuilles de vigne rouge (Vitis vinifera)
- Le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum), dont la graine et l’écorce sont efficaces
- Les feuilles d’hamamélis (Hamamelis virginiana)
- Le fragon ou petit houx (Ruscus aculeatus), dont la racine a des propriétés veinotoniques
- Les cônes de cyprès (Cupressus sempervirens)
- Le mélilot (Melilotus officinalis), qui a des propriétés anti-oedémateuses et qui fluidifie le sang
- L’extrait d’écorce de pin maritime (pycnogénol).
On les trouve le plus souvent sous formes d’ampoules, de gouttes ou de comprimés, à prendre sous forme de cure de quelques semaines à 3 mois.
La liste est loin d’être exhaustive, le lierre, la prêle, le viburnum, le bouleau étant aussi, entre autres, efficaces contre les jambes lourdes.
De nombreuses spécialités commerciales associent des molécules naturelles et des composés synthétiques, ou proposent des combinaisons d’extraits de plantes (par exemple hamamélis, fragon et marron d’Inde).
Plusieurs de ces spécialités bénéficient du statut de « médicament » en France.
Ne pas oublier les mesures d’hygiène de vie !
Les veinotoniques ne sont pas des produits miracles. Ils permettent de soulager les symptômes « légers » de l’insuffisance veineuse. Si la maladie évolue ou se complique, ou en cas d’ulcères cutanés par exemple, ces produits n’auront pas une efficacité suffisante. Dans tous les cas, l’auto-médication est déconseillée car même les produits « naturels » peuvent avoir des effets secondaires graves, surtout s’ils sont pris à long terme sans contrôle médical.
Enfin, la prise en charge des symptômes de l’insuffisance veineuse repose avant tout sur le respect de certaines règles hygiéno-diététiques :
- éviter la station debout immobile et l’exposition à la chaleur
- lutter contre la sédentarité en marchant le plus souvent possible et en pratiquant une activité physique régulière
- lutter contre le surpoids
- adopter une alimentation équilibrée riche en vitamine E et PP, qui ont un effet protecteur connu sur les cellules des parois veineuses.
Enfin, sachez que la contention élastique veineuse (port de bas et chaussettes de contention) reste une des mesures les plus efficaces pour lutter contre l’insuffisance veineuse.
Sources :
1. HAS http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/fiches_explicatives-classe-therapeutique.pdf
2. Le Pharmacien de France N°1221 – juin 2010. Phlébologie
3. Phlebotonics for venous insufficiency. Martinez MJ, Bonfill X, Moreno RM, Vargas E, Capellà D. Cochrane Database Syst Rev. 2005 Jul 20;(3):CD003229. Review.
4. Phlébotoniques contre les hénorroïdes. Cochrane 2012. http://summaries.cochrane.org/fr/CD004322/phlebotoniques-contre-les-hemorroides
5. http://www.iep-eu.com/img-user/lettres/lettre_06_insuffisance_veineuse.pdf