
Les pères pourront désormais passer près d’un mois auprès de leur bébé. A compter de ce jeudi 1er juillet, le congé paternité passe à vingt-huit jours contre quatorze jusqu’alors, dont sept obligatoires, après la naissance de leur enfant. Cette réforme, réclamée de longue date par de nombreux pères, syndicats et associations féministes, et annoncée en septembre 2020 par Emmanuel Macron, a pour objectif de s’attaquer aux inégalités de genre dans le travail, tant sur le marché de l’emploi qu’au sein des foyers. Un levier « en matière d’égalité entre les femmes et les hommes », loue-t-on à l’Elysée.
Pour la sociologue Christine Castelain-Meunier, instigatrice du congé paternité en France en 2002, « on pense encore trop souvent que tout ce qui relève de l’enfant relève de la femme. Il y a une difficulté à reconnaître que le père peut être plus qu’une pièce rapportée dans le milieu de la naissance, et être réellement partie prenante ».
Comment espérer que les pères amènent plus souvent leurs enfants chez le pédiatre si les écoles continuent de contacter la mère en priorité quand l’enfant est malade ? Ou apprennent à donner le bain à un nourrisson quand les sages-femmes n’adressent leurs explications qu’aux femmes à la maternité ? « L’allongement du congé paternité contribue à casser ces représentations traditionnelles. Cela confirme la diffusion de cette nouvelle norme de la paternité impliquée », estime Christine Castelain-Meunier, qui voit l’avènement d’une génération de pères plus engagés.
Rééquilibrage du partage des tâches
Depuis sa mise en œuvre, le recours au congé paternité de quatorze jours a peu évolué. Environ sept pères éligibles sur dix l’utilisent, avec de fortes disparités sociales du fait de la pression parfois exercée sur ceux dont l’emploi est précaire pour ne pas prendre ce congé. Et là où de nombreux pays européens comme la Suède, la Finlande ou l’Espagne ont progressivement adopté des dispositions plus généreuses, sa durée était restée, jusqu’à présent, inchangée dans l’Hexagone. Le doublement du congé paternité pourrait permettre à la France, un temps pionnière sur le sujet, de combler une partie de son retard sur ses voisins.
Les spécialistes de la petite enfance voient d’abord dans cet allongement une opportunité pour les pères d’établir une relation privilégiée avec le nouveau-né. « Il faut du temps, de la disponibilité et de la proximité physique et émotionnelle de la part des parents pour qu’ils construisent avec leur bébé une relation harmonieuse », indique ainsi le rapport sur les 1 000 premiers jours de l’enfant, remis en septembre 2020 au secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet. Des liens qui jouent un rôle fondamental dans le développement de l’enfant, mais aussi pour la suite de l’organisation familiale.
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