
Pertes & profits. Il arrive que l’on trouve des médicaments dans un réfrigérateur domestique, mais ce n’est pas leur destination première. Le pot de mayonnaise se trouve rarement près de la boîte d’ibuprofène. C’est pourtant le rêve que caresse l’un des plus grands épiciers mondiaux, le britannique Unilever. Il tente de racheter la division de produits pharmaceutiques grand public d’un autre britannique, le laboratoire GSK.
On y trouve les dentifrices Sensodyne ou les comprimés d’Advil. Unilever, qui avait déchiré le cœur des sujets de Sa Majesté en vendant ses thés Lipton à l’automne 2021, conserve dans ses placards les soupes Knorr, les lessives Omo et Skip, les savons Dove, la moutarde Maille ou la mayonnaise Hellmann’s, sans parler des glaces Miko ou Ben & Jerry’s. Il est prêt à payer très cher pour entrer dans la boîte à pharmacie. Il propose 60 milliards d’euros, dont 80 % en cash et le reste en actions.
Ce serait l’une des plus importantes opérations de toute l’histoire de la City. Mais ce n’est pas assez pour le vendeur. GSK, qui gagne beaucoup d’argent avec cette activité, estime que la société vaut plus et entend poursuivre le processus d’introduction en Bourse de cette activité. Les investisseurs pressent GSK de vendre cette division grand public pour se recentrer sur la pharmacie de pointe, mais ils comprennent, en revanche, que l’on puisse vendre des comprimés contre le mal de tête et du produit pour déboucher les toilettes. (Domestos). Tout est affaire de retour sur investissement.
La colère gronde
Et justement, en ce qui concerne Unilever, la colère gronde. Depuis un an, la société décroche en Bourse. Elle a perdu près de 10 %, quand ses concurrents Nestlé et Procter & Gamble ont progressé de 20 %. Terry Smith, investisseur britannique de long terme, déroule une stratégie rustique, mais qui a le mérite de la simplicité : choisir des bonnes entreprises, acheter pas cher et ne plus s’en mêler.
Parmi les dix premiers actionnaires d’Unilever, il a pourtant cette fois poussé un coup de gueule, comme le raconte le Financial Times. « Le management d’Unilever est obsédé par donner publiquement des gages sur la soutenabilité environnementale et sociale de leur activité, plutôt que de se concentrer sur les fondamentaux de leur business. »
A trop se pencher sur la raison d’être de leur mayonnaise, ils en oublieraient de faire de l’argent. Les bons sentiments ne font pas forcément du bon business.