Le prix des cigarettes va augmenter en 2023. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) présenté lundi 26 septembre en conseil des ministres prévoit de relever la fiscalité sur le tabac, ce qui fera à terme passer le prix du paquet de cigarettes à 11 euros, a précisé le ministère de l’économie à l’Agence France-Presse. Cela représente une augmentation de « 50 centimes en 2023 et de 35 centimes en 2024 », selon Bercy.
La première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé lundi 26 septembre sur RMC et BFM-TV, avant la présentation du projet du budget 2023 en conseil des ministres, que le prix du paquet de cigarettes allait « augmenter comme l’inflation ». « Ça serait assez paradoxal que la hausse des cigarettes soit moins élevée que l’inflation », cela signifierait que « finalement, relativement, le prix baisserait », a fait valoir la première ministre, relevant que cette situation ne serait pas cohérente « compte tenu de l’impact sur la santé du tabac ».
En se basant sur l’évolution tarifaire moyenne de 0,50 euro en 2023 pour un paquet de cigarettes au prix moyen actuel de 10,15 euros, comme précisé par Bercy, l’augmentation représente en réalité 4,9 % du prix moyen, soit légèrement en deçà de l’inflation qui s’élèvera à 5,3 % en moyenne pour l’année 2022 selon la dernière estimation de l’Insee.
Des augmentations pour des raisons de santé publique
Durant les vingt dernières années, les hausses successives du prix du paquet de cigarette ont été largement déconnectées de l’inflation annuelle et poursuivaient avant tout une logique de politique de santé publique.
Si les prix du tabac ont connu des hausses régulières à partir du début des années 2000, les augmentations ont été plus fortes et constantes de novembre 2017 à novembre 2020 ; en six hausses successives, il a bondi de 50 %, pour dépasser en mars 2020 le tarif symbolique de 10 euros pour le paquet de cigarettes le plus vendu. Ainsi, en comptant la hausse prévue de 50 centimes, le prix du paquet aura été multiplié par 1,75 en dix ans (2013-2023), et par 2,7 en vingt ans (2003-2023). Avec comme effet de faire baisser le volume de ventes des cigarettes, mais aussi, selon les vendeurs de tabac, d’augmenter les trafics.
Les spécialistes de la lutte contre le tabagisme reconnaissent quant à elles l’existence d’un lien entre les prix et la consommation. A condition que les hausses soient « significatives » et « répétées ».
Une baisse du tabagisme de 5 points a été observée entre 2016 et 2019, alors que les augmentations tarifaires étaient les plus fortes. L’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT), dans son dernier bilan sur le tabagisme et l’arrêt du tabac constate que cette baisse récente concerne autant les femmes que les hommes, et s’observe parmi toutes les classes d’âge, à l’exception des générations nées avant 1965. Mais la tendance a été inversée en 2020, avec une légère reprise, pour atteindre 25,5 % de fumeurs parmi les 18-75 ans.
La France continue d’afficher une prévalence tabagique quotidienne parmi les plus élevées d’Europe occidentale. Les conséquences sanitaires du tabagisme, d’après l’OFDT, s’élevaient en 2015, à 75 320 décès, soit 13 % de la mortalité en France métropolitaine, dont 55 420 hommes et 19 900 femmes. La cause des décès attribuables au tabagisme était un cancer pour 61,7 % des personnes, une maladie cardiovasculaire pour 22,1 % et une pathologie respiratoire pour 16,2 %.