
Dix mille pas et plus. Ils étaient treize femmes et quarante-trois hommes, de 24 à 66 ans, au départ de l’ultra-trail sur le viaduc de Clécy (Calvados), jeudi 11 novembre à 14 h 30, sous un grand soleil. C’est avec le sourire, et sous les applaudissements, que Jean, brassard n° 4, âgé de 32 ans, est arrivé un peu moins de vingt heures plus tard, après avoir parcouru ces 156 km et 6 000 mètres de dénivelé positif. Caroline, institutrice de 36 ans, est la première femme à arriver, à 16 h 10 le vendredi, à la quatrième place.
Un défi à plus d’un titre. Il s’agit en effet d’un ultra-trail scientifique, organisé par l’université de Caen-Normandie et financé, notamment, par la région Normandie. A chaque boucle de 26 km à travers les paysages de la Suisse normande, un passage obligé : se soumettre à une batterie de tests. « Grâce à ces mesures et leur évolution avant, pendant et après la course, nous espérons mieux comprendre la cinétique du corps humain soumis à des efforts intenses, et en privation de sommeil », explique Benoît Mauvieux, coordinateur du projet, chercheur au laboratoire Comète (Inserm, université de Caen).
Dès l’arrivée de la première boucle, chaque coureur se soumet à des mesures de la cinématique du pied, dans une tente à l’extérieur, il est filmé au ralenti pour mesurer la foulée, le rebond, par La Clinique du coureur, un organisme de formation franco-canadien.
Puis dans la base de loisirs Lionel-Terray de Clécy, la course scientifique se poursuit. Le protocole est très standardisé : pas moins de dix-huit étapes à respecter, soit quarante tests, en cinquante minutes. Des tests de force, d’ergonomie de la chaussure, de vigilance, de motivation se succèdent : « As-tu douté de toi ? As-tu vomi ? As-tu eu des hallucinations ? Quel est le niveau de douleur ?… » Théodore, un quadra habitué de ces courses, participe à cette aventure pour « faire avancer la connaissance sur le corps humain, mieux comprendre », dit-il avec le sourire.
« Un défi en termes de recherche pluridisciplinaire »
Dans une autre salle, le cœur des athlètes est scruté grâce à des échographies. « Nous surveillons comment il va se comporter au cours de cet exercice très intense, afin de mesurer la fatigue cardiaque », précise Amir Hodzic, cardiologue au CHU de Caen et enseignant chercheur, accompagné de cinq de ses collègues. La veille, tous les coureurs ont eu une échographie cardiaque et un électrocardiogramme, afin de repérer d’éventuelles anomalies. Le cœur de l’athlète est-il différent parce qu’il est très entraîné ? En tout cas, au repos, la fréquence cardiaque se situe entre 45 et 55.
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