
Alexia vient de faire trois heures de route pour se rendre à l’unité d’aide médicale à la procréation (AMP) de l’hôpital intercommunal de Créteil. A 25 ans, elle est diplômée d’un master en management industriel, vit en couple, mais ne souhaite pas avoir d’enfant avant l’âge de 30 ans. Elle va pourtant dépenser 350 euros, non remboursés, pour faire un bilan de fertilité en espérant « être rassurée ». « J’ai une cousine qui tente sa cinquième fécondation in vitro [FIV], et ma meilleure amie a eu le plus grand mal à tomber enceinte, explique t-elle. Et puis j’ai lu les statistiques, un couple sur huit est stérile ! Ça fait peur ! »
Ici, en trois heures, Alexia va bénéficier d’un bilan en principe réservé aux couples ayant échoué depuis au moins un an à concevoir un enfant. Mais le docteur Jean-Marc Levaillant et la professeure Nathalie Massin ont voulu permettre à toutes les femmes, en projet d’enfant ou non, d’accéder à ce service. De plus, dans le parcours classique, les femmes font des prises de sang pour doser certaines hormones prédictives de la réserve ovarienne, puis une échographie pour vérifier la qualité des organes reproducteurs, et enfin une hystérosalpingographie – souvent douloureuse −, pour l’examen des trompes, pris en charge par la Sécurité sociale. « Ici, avec un seul examen, nous étudions les trois fonctions indispensables à la reproduction : l’ovulation, la capacité utérine et le bon fonctionnement des trompes, explique le docteur Jean-Marc Levaillant.
Une seconde patiente arrive, Linh, archétypique de ces jeunes femmes que la professeure Nathalie Massin rencontre de plus en plus souvent. Sans partenaire à 34 ans, elle approche de la zone « dangereuse » de cette mystérieuse « horloge biologique » qui menace sa fertilité. « Vous savez ce qu’est la réserve ovarienne ? – Je ne suis pas sûre… » L’endocrinologue a l’habitude. De nombreuses femmes ignorent tout ou presque de leur système de reproduction. « Contrairement aux hommes, qui produisent des spermatozoïdes toute leur vie, vous naissez avec un stock d’ovules (de 600 000 à 1 million par ovaire) qui diminue constamment. Ils sont stockés dans des follicules, et de la puberté jusqu’à la ménopause ces follicules libéreront environ 500 ovules – qu’on appelle alors ovocytes – au rythme d’un par mois. »
Courbes implacables
Sur l’écran de l’échographie, Linh compte les follicules en même temps que le médecin. Léger suspense et véritable émotion de pouvoir visualiser une douzaine de ces « petits sacs » dont le diamètre de l’un (25 mm environ), plus important que les autres, montre qu’il est prêt à relâcher un de ces précieux ovocytes qui lui permettraient d’être enceinte si un spermatozoïde se présentait. « Vous voyez, avec onze follicules à 34 ans, vous êtes dans une zone basse, mais normale », explique le docteur Jean-Marc Levaillant. Grâce à une sonde vaginale, le médecin injecte une mousse totalement indolore pour vérifier la qualité des trompes de la patiente. En trente minutes, il a éliminé, pour Linh, les principales causes d’infertilité féminine : endométriose, kystes aux ovaires, trompes bouchées, insuffisance folliculaire.
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