
Quoi de neuf en cancérologie ? La grand-messe annuelle des oncologues, le congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), se tenait à Chicago du 3 au 7 juin. Après deux ans de sessions exclusivement virtuelles pour cause de pandémie, elle expérimentait un format hybride, en présentiel et en visioconférence.
« Grâce à cette formule, nous pouvions suivre les sessions depuis la France, mais l’intérêt d’être sur place tient à nos rencontres avec nos confrères, explique, de Chicago, le professeur Christophe Le Tourneau, oncologue et responsable du département développement et innovation des médicaments à l’Institut Curie. Ces deux années sans pouvoir échanger nous ont pesé. C’est en parlant de nos patients avec des collègues que les idées nous viennent. » De fait, il y avait affluence, dimanche 5 juin, au centre des congrès – le plus vaste des Etats-Unis – pour un événement qui accueille habituellement près de 40 000 oncologues du monde entier.
L’édition 2022 de l’ASCO restera-t-elle marquée d’une pierre blanche ? Les avis divergent. « Il n’y a pas eu de grande révolution thérapeutique annoncée, mais une multitude d’avancées qui creusent des voies tracées par des stratégies thérapeutiques existantes », estime Christophe Le Tourneau.
Transformer la prise en charge
Pour d’autres, l’idée d’une édition 2022 privée d’innovation marquante mérite d’être nuancée. « Nous sommes sans doute moins impressionnés qu’avant, estime le professeur Jean-Yves Blay, directeur général du Centre Léon-Bérard à Lyon et président d’Unicancer, qui fédère les centres de lutte contre le cancer. Une avancée présentée dimanche, par exemple, est de nature à transformer radicalement la prise en charge de 65 % à 70 % des cancers du sein métastatiques. Et sans doute aussi, à l’avenir, d’une petite part d’autres cancers – poumon, côlon, ovaire… »
Cette avancée concerne une classe de médicaments apparue il y a une dizaine d’années déjà, les anticorps conjugués. Explications. « Les anticorps conjugués sont la version 2.0 de la chimiothérapie. C’est un nouveau moyen de la délivrer », explique Christophe Le Tourneau. Formés d’un anticorps couplé à une chimiothérapie, c’est-à-dire une drogue toxique pour les cellules. L’anticorps va aller se fixer sur une cible moléculaire présente à la surface des cellules tumorales, puis il sera internalisé et délivrera la drogue à l’intérieur de ces cellules. D’où, en théorie, une efficacité renforcée et une toxicité moindre de ce traitement pour les cellules saines.
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