
Les autorités sanitaires belges ont annoncé, vendredi 17 juin, avoir donné leur feu vert au redémarrage pour une période test de trois mois de l’usine Ferrero d’Arlon, dans le sud du pays, au cœur d’un scandale de chocolats contaminés aux salmonelles et fermée depuis le 8 avril.
« Durant cette période, les matières premières ainsi que chaque lot de denrées alimentaires produites seront analysés. Ce n’est que si ces analyses donnent un résultat conforme que les produits pourront être mis sur le marché », a fait savoir l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca).
Le géant italien, mondialement connu pour ses marques Nutella et Kinder, a confirmé avoir reçu cette « autorisation conditionnelle » de redémarrage. « Dès aujourd’hui [vendredi], l’usine entame le processus de réouverture qui aboutira au redémarrage des lignes de production dans quelques semaines », a souligné le groupe, qui a son siège social à Luxembourg.
« Ce qui s’est produit est extrêmement grave »
« Cette réouverture fait suite à un nettoyage approfondi et à des contrôles de sécurité alimentaire menés en étroite collaboration avec l’Afsca », précise-t-il dans un communiqué. « Nous avons absolument tout fait pour que cette histoire ne se reproduise plus », a affirmé, vendredi, la directrice des affaires extérieures du groupe Ferrero, Anne Edwards, sur la radio RTL. La représentante du groupe a admis que « ce qui s’est produit est extrêmement grave » et a renouvelé les excuses du groupe aux consommateurs.
L’usine d’Arlon dans les Ardennes belges est un site majeur du groupe, où sont employées un millier de personnes. Selon Ferrero, « plus de 1 800 tests de qualité ont été effectués, 10 000 pièces ont été démontées et nettoyées » et des investissements réalisés notamment pour installer « 300 mètres de nouveaux tuyaux ».
Au début d’avril, à l’approche des fêtes de Pâques, le groupe avait procédé au rappel de tous les produits fabriqués dans son usine d’Arlon après le signalement de dizaines de cas de salmonellose possiblement liés à la consommation de ses produits chocolatés dans plusieurs pays d’Europe.
370 cas identifiés dans l’Union européenne et au Royaume-Uni
Etaient concernés les Kinder Surprise, Kinder Mini Eggs, Kinder Surprise Maxi 100 g et Kinder Schoko-Bons, dans tous les pays où ils sont distribués, et quelle que soit leur date de péremption. Depuis le début d’avril, plus de 3 000 tonnes de produits Kinder ont été retirés du marché en France où 81 cas de salmonellose ont été détectés, majoritairement chez des enfants de moins de 10 ans.
C’est « le plus gros rappel de produits de ces vingt dernières années », avait admis le directeur général France de Ferrero dans une interview au Parisien à la fin de mai, au cours duquel il annonçait des pertes économiques avoisinant « plusieurs dizaines de millions d’euros ».
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a déclaré qu’au 3 juin, 370 cas confirmés et 22 probables de Salmonella typhimurium monophasique avaient été identifiés dans les pays de l’UE et au Royaume-Uni.
Enquêtes judiciaires en Belgique et en France
Soupçonné d’avoir tardé à réagir face à un problème identifié dès décembre, Ferrero est la cible de plusieurs enquêtes judiciaires. En Belgique, un juge d’instruction enquête depuis le 19 avril sur des soupçons de manquement aux « obligations de traçabilité dans la chaîne alimentaire », d’« infractions aux dispositions légales en matière de sécurité et d’hygiène des denrées alimentaires », de « lésions corporelles involontaires » et de « non-assistance à personne en danger ».
En France, une association de consommateurs a porté plainte et une enquête a été ouverte le 25 mai par le parquet de Paris, notamment pour « tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine » et « mise en danger de la vie d’autrui ».

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D’après la direction de Ferrero, la contamination sur le site d’Arlon proviendrait « d’un filtre situé dans une cuve à beurre laitier » et y serait arrivée « soit par des matières premières contaminées, soit par des personnes ».