Un hôpital plongé dans la souffrance et placé sous tutelle. La situation du centre hospitalier de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, près de Lyon, a conduit l’agence régionale de santé (ARS) d’Auvergne-Rhône-Alpes à placer l’établissement de santé mentale sous administration provisoire, à compter du 15 novembre, pour une période de six mois renouvelable.
Composé de plusieurs pavillons répartis autour d’un ancien château, l’hôpital de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or joue un rôle important dans l’ouest du département du Rhône, accueillant 12 000 patients par an, en séjours longs, consultations ou urgence. Il compte 800 employés, dont 70 médecins et 500 personnels soignants. Toutes les attributions du directeur, du directoire et du conseil de surveillance sont suspendues.
« Ces attributions seront exercées par une mission d’administration provisoire, comprenant directeur et médecin, désignée par arrêté ministériel. Il leur est demandé d’analyser les dysfonctionnements actuels, d’établir un diagnostic des causes, d’évaluer l’impact sur la qualité et la sécurité des prises en charge et de mettre les mesures permettant d’y remédier », explique le communiqué de l’ARS, publié sur son site, le 7 novembre.
Pétition de soignants, courrier au préfet
L’agence évoque « des relations conflictuelles au sein de la gouvernance qui débordent sur le climat de travail interne et contribue à nuire au fonctionnement du centre hospitalier ». Dans son courrier adressé le même jour à la commission médicale d’établissement (CME), le ton de l’ARS est beaucoup plus alarmiste. « Les signalements d’événements graves avérés, conjugués avec un dysfonctionnement de la gouvernance qui est dans l’incapacité de résoudre cette situation, créent un risque majeur pour la qualité et la sécurité des soins », écrit Jean-Yves Grall. Le directeur général de l’ARS prend soin de souligner : « Cette décision n’est en aucun cas la satisfaction d’un quelconque acteur de la gouvernance contre un autre. »
Après une motion de défiance de la commission médicale d’établissement, le 12 septembre, et une pétition signée par plus de 300 personnels soignants, un courrier a sans doute précipité la décision de l’ARS. Cinquante praticiens hospitaliers de l’établissement dénoncent « un mode de fonctionnement délétère de la direction », dans une lettre du 19 octobre, adressée au préfet, aux autorités sanitaires et aux élus de la région. Médecins et chefs de service décrivent la surcharge de travail et « un fonctionnement clanique » de la direction, qui serait à l’origine de nombreux départs. « La souffrance est actuellement partout, individuelle et collective, à tous les étages de l’institution », dit ce courrier, réclamant « avec force une enquête rapide et objective sur les dérives d’une direction devenue aveugle et profondément malveillante ».
Il vous reste 57.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.