TémoignagesCe type de cancer du sein représente 15 % des cancers du sein détectés chaque année. Agressif, il s’en prend à des femmes jeunes – 40 % ont moins de 40 ans au diagnostic –, se soigne difficilement et a une lourde tendance à la rechute et à la métastase.
Le 1er octobre 2020, Emilie Daudin apprend qu’elle a un cancer du sein. Elle a alors 33 ans, un fils de trois ans et demi et une fille d’un an. Sur le coup, « tout s’est effondré », dit-elle un an plus tard. Ce n’est que plusieurs jours après, dans la froideur anonyme d’un train, qu’Emilie comprend pourquoi ses proches lui ont instamment recommandé un hôpital parisien, pourtant éloigné de son domicile rouennais : son cancer est un triple négatif, un sous-type particulièrement agressif du cancer du sein. « “Vous me l’avez caché, les filles”, a-t-elle alors mécaniquement reproché à sa sœur et à sa meilleure amie. Mais, en fait, on me l’avait dit, j’étais juste devenue sourde dès que j’ai entendu le mot “chimiothérapie”. »
Le cancer du sein dit triple négatif représente environ 15 % des cancers du sein et touche chaque année quelque 7 500 femmes en France, selon le centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy. Il tient son nom de l’absence des récepteurs hormonodépendants aux œstrogènes, progestérone ou HER2, fréquemment identifiés dans les cancers du sein et permettant des traitements ciblés.
Aujourd’hui, aucune stratégie thérapeutique spécifique n’existe, du fait, notamment, de la grande hétérogénéité de la tumeur. « Comme elle [la tumeur] est très changeante, c’est parfois cauchemardesque d’identifier le bon traitement au bon moment », avance Suzette Delaloge, oncologue médicale à Gustave-Roussy.
Le diagnostic d’un triple négatif s’oppose alors frontalement au lieu commun, faussement rassurant, qui veut qu’un cancer du sein se soigne bien. Au stade localisé, les « taux de guérison restent élevés, autour de 80 % pour les stades 2 et 3, et encore plus pour les stades 1, explique encore la docteure Delaloge. Mais ce cancer a tendance à métastaser et à rechuter plus facilement et il devient alors généralement encore plus agressif et surtout résistant aux traitements ».
Particulièrement agressif, le triple négatif se développe vite et touche des femmes jeunes – environ 40 % des patientes ont moins de 40 ans au diagnostic. Sa vitesse de propagation et sa cible le rendent difficile à détecter… parce qu’à 30 ans « c’est normal d’avoir mal aux seins » et « de toute façon le cancer ne fait pas mal », s’est vu opposer Emilie lorsqu’elle s’est inquiétée, auprès d’une sage-femme, d’une petite boule douloureuse dans son sein droit.
Une deuxième professionnelle lui a soutenu qu’il ne s’agissait que d’une déchirure musculaire, lui conseillant d’aller consulter un ostéopathe, mais lui prescrivant « en dernier recours » une échographie mammaire.
Il vous reste 69.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.