Les professionnels de santé de la périnatalité (sages-femmes, infirmières, gynécologues obstétriciens, auxiliaires de puériculture, pédiatres) sont extrêmement inquiets du risque que les pénuries de personnels font peser sur les femmes enceintes, les mères et leurs enfants. Aujourd’hui, et après avoir, à de multiples reprises, alerté nos tutelles ces dernières années, nous, chefs de service et membres de l’encadrement des maternités d’Ile-de-France, maternités universitaires et non universitaires participant au service public, voulons alerter sur cette situation extrêmement préoccupante.
Depuis des années, la périnatalité souffre des organisations et conditions de travail imposées par des tutelles loin du terrain. L’activité d’urgence qui constitue une part importante de cette médecine n’est pas reconnue comme telle et le personnel colmate, tant qu’il peut, sous l’œil de nos tutelles qui savent mais ne proposent rien de décisif. Maintenant, le bateau coule et toujours aucune proposition efficace ne nous est faite pour tenter d’éviter le naufrage.
En effet, la situation ne cesse de s’aggraver et le personnel soignant fuit ces conditions de travail. Ceux qui restent voient leurs conditions d’exercice devenir encore plus dures, le cercle vicieux est enclenché… Malgré nos alertes régulières auprès de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France et le ministère, ceux-ci ne semblent pas prendre la mesure de la gravité de la situation et l’urgence.
Repenser le modèle de nos maternités
La plupart des maternités d’Ile-de-France qui participent au service public vivent ces pénuries en dépit du soutien souvent apporté par les directions hospitalières. Dans certaines maternités, ce sont jusqu’à 30 % des postes de sages-femmes qui sont aujourd’hui vacants. Les maternités sont obligées de limiter certaines activités de consultation, faute de professionnels. Des unités de néonatalogie ont dû fermer, faute de pédiatres. Les plannings de garde ne sont pas remplis et ne pourront vraisemblablement pas l’être. Les prévisions pour les mois à venir sont alarmantes. Outre les habituelles fermetures de lits, ce sont des unités entières d’hospitalisation qui risquent de fermer avec la réduction de l’offre de soins qui va avec. Comment maintenir la qualité des soins quand les effectifs sont amputés à ce point ? Comment imaginer, dans pareille situation, que cela n’ait pas d’impact sur la sécurité des mères et des enfants ? Que peuvent les professionnels de santé lorsqu’ils ne sont plus assez nombreux pour accompagner le travail d’une femme enceinte ? Que dire à des parents lorsque la naissance d’un enfant né prématurément ne peut être organisée dans une maternité dotée d’une unité de néonatalogie en raison de fermetures de lits ?
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