
En réponse à un courrier de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui date de fin août, le premier ministre, Jean Castex, a donné, mercredi 15 septembre, son feu vert à l’aménagement de nouveaux sites d’accueil des consommateurs de crack. « La création de nouveaux lieux dédiés à l’accueil et au repos sera soutenue par les services de l’Etat », sous réserve d’une offre et d’une localisation adaptées, a ainsi écrit M. Castex dans une lettre à la maire de la capitale.
Ce dernier veut « offrir aux consommateurs des lieux de repos et un parcours de sevrage de qualité » et souhaite poursuivre le déploiement de « l’offre de soins » dans le cadre du plan crack signé en 2019 entre l’Etat et la Ville.
Si le premier ministre n’évoque pas explicitement l’aménagement de nouvelles salles de consommation à moindre risque (SCMR), les quatre nouveaux sites proposés par Mme Hidalgo « ont vocation à s’inscrire dans le cadre expérimental offert par la loi du 24 janvier 2016, que le gouvernement prendra l’initiative de proroger » avec le projet de loi de financement de la Sécurité sociale présenté en conseil des ministres le 6 octobre. La loi de 2016 a autorisé l’expérimentation des SCMR jusqu’en 2022.
Réserves sur l’emplacement d’une salle
Deux structures de ce type ont été lancées depuis en France, à Strasbourg et à Paris. La question divisait jusqu’au sein du gouvernement, entre la ligne dure adoptée par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et celle du ministre de la santé, Olivier Véran, dont le cabinet a jugé « positif » le bilan de ces deux structures.
M. Castex a cependant émis des réserves sur l’un de ces quatre nouveaux sites envisagés par la mairie, situé à quelques mètres d’une école dans le 20e arrondissement, et au sujet duquel le maire, Eric Pliez, doit s’expliquer mercredi soir avec les riverains. « J’appelle d’ores et déjà votre attention sur la difficulté évidente que représenterait la création d’un tel équipement sur un site mitoyen d’une école élémentaire », a ainsi souligné le chef du gouvernement.
Les SCMR jugées « utiles et efficaces »
Mardi, les députés Caroline Janvier (LRM) et Stéphane Viry (LR), chargés d’une mission sur le sujet, ont jugé les SCMR « utiles et efficaces », mais ont souligné qu’il fallait privilégier l’ouverture de nouvelles salles « au niveau de scènes déjà existantes », c’est-à-dire dans des quartiers où la consommation de rue existe déjà.
Le crack est un dérivé de la cocaïne, très addictif et bon marché. Il suscite de fortes tensions dans le nord-est parisien, où la consommation de rue engendre des nuisances pour le voisinage. A la mi-mai, préfecture et mairie s’étaient accordées pour regrouper les toxicomanes dans le nord des jardins d’Eole, site historique de consommation à la frontière des 18e et 19e arrondissements, dans le but de soulager les riverains du secteur voisin de Stalingrad.
A la fin de juin, Mme Hidalgo avait toutefois décidé de mettre un terme à cette situation provisoire en interdisant aux consommateurs de crack l’accès au parc. Depuis, « les consommateurs et revendeurs de crack ont maintenu leur présence aux abords du site et les scènes de violence comme les nuisances à l’égard des riverains n’ont pas cessé », a aussi souligné M. Castex.