Manque de personnel, soins d’hygiène insatisfaisants, tenue de dossiers déficiente : de problèmes persistants ont été constatés à la ressource intermédiaire (RI) Résidence des Bâtisseurs de Matane, souligne le rapport d’enquête rendu public lundi.
« Au cours de l’enquête, il fut observé qu’un usager circulait dans le corridor sans son pantalon et cherchait une infirmière pour refaire son pansement », relatent les deux travailleuses sociales mandatées par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent pour enquêter sur cette RI l’automne dernier. « Au même moment, un autre usager mentionne avoir de la difficulté à respirer […] Deux usagers demandent si nous passons la nuit avec eux », poursuivent-elles dans leur compte-rendu très détaillé.
Ce rapport de 28 pages, déposé le 30 octobre dernier, a finalement été rendu disponible aux médias qui en faisaient la demande lundi. Le CISSS a pris cette décision vendredi dernier après que la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, l’ait exigé, a rapporté Radio-Canada.
L’établissement avait fait l’objet d’un premier dossier d’intervention il y a près de deux ans, en mars 2019, de la part de la commissaire aux plaintes et la qualité des services du CISSS. Son premier rapport, déposé quatre mois plus tard, avait conclu que les droits des usagers n’étaient pas respectés. Devant les problèmes qui perduraient malgré les interventions du CISSS, celui-ci a commandé une enquête administrative le 3 septembre dernier.
De très nombreuses lacunes ont été notées par les inspectrices. Les soins d’hygiène apportés aux résidents, le lavage de leurs vêtements ainsi que la mise à jour et la disponibilité des informations contenues dans leurs dossiers font l’objet de nombreuses critiques. Le manque de personnel est cité à maintes reprises.
Sur une centaine de journées, du 28 juin au 3 octobre 2020, le nombre d’employés visés pour répondre aux besoins des usagers n’était pas suffisant durant 63 % des quarts de nuits, 60 % des quarts de jour et 37 % des quarts de soir.
Dans près de 80 % des cas, le délai de réponse à la cloche d’appel a dépassé la cible de 4 minutes, montre les relevés de juillet à octobre derniers. « Dans 19 % des cas, les usagers n’ont jamais eu de réponse », ajoute le rapport.
Outre les problèmes récurrents relevés sur les lieux et en interrogeant des résidents, des familles et des employés, les enquêtrices signalent « une problématique majeure dans les relations entre la ressource et le CISSS ». Les gestionnaires de la RI ont notamment dénoncé le fait que le CISSSS leur avait prêté des employés pour les retirer à moins d’une semaine d’avis.
Le rapport recommande notamment « la mise en place d’actions prioritaires dans un court délai afin d’assurer la sécurité des usagers » et « une démarche de médiation » afin de rétablir « des liens de partenariat ».
L’entente entre le CISSS et la RI a été renouvelée pour trois ans en 2019. Compte tenu des conclusions de l’enquête administrative, il aurait été possible d’y mettre fin, a indiqué le CISSS à La Presse. « Pour l’instant, les correctifs mis en place par les Bâtisseurs rassurent le CISSS », a mentionné par courriel un porte-parole du CISSS, Gilles Turmel « L’entente est donc maintenue, mais une attention particulière est portée à cette ressource. » Un nouveau plan d’action sera complété cette semaine, a fait savoir le CISSS.