
Le lien entre alimentation et santé n’est plus à prouver. Pour la première fois, des chercheurs ont quantifié comment différents changements alimentaires peuvent avoir un impact substantiel sur l’espérance de vie. Dans une étude publiée mardi 8 février dans la revue PLOS Medicine, une équipe de l’université de Bergen (Norvège) a établi qu’un « régime optimal » riche en légumineuses, céréales complètes, fruits à coque, et fruits et légumes, et pauvre en viande, pouvait faire gagner plus de dix ans d’espérance de vie à un individu nord-américain aujourd’hui âgé d’une vingtaine d’années (10,7 ans pour une femme, 13 ans pour un homme) par rapport à un régime alimentaire occidental moyen, où la consommation de féculents, produits laitiers et viande est plus importante.
Pour calculer cet impact, spectaculaire, les auteurs ont travaillé à partir de la base de données du Global Burden of Disease (GBD, la « charge mondiale des maladies »), un programme mondial de recherche en épidémiologie de l’Institute for Health Metrics and Evaluation à Seattle (Etats-Unis), auquel collaborent 7 000 chercheurs dans le monde. En 2019, les équipes du GBD avaient estimé qu’environ 11 millions de morts prématurées par an étaient attribuables à une mauvaise alimentation, soit un décès sur cinq, plus que le tabac (8 millions de morts par an). Les données du GBD ont été croisées avec d’autres méta-analyses, les plus complètes et récentes publiées sur chaque catégorie d’aliments, pour cette fois étudier, non pas l’impact sur la mortalité, mais le versant plus positif : comment l’alimentation peut faire gagner quelques années de vie.
« Notre idée de départ était d’étudier comment les changements de paramètres de notre alimentation peuvent affecter la santé et avoir des effets qui se combinent entre eux », explique Lars Thore Fadnes, professeur à l’école de santé publique de l’université de Bergen et premier auteur de l’étude. Selon ces résultats, le seul fait d’augmenter sa ration de légumineuses (pois chiches, fèves, lentilles, haricots, à 200 grammes par jour) permettrait de gagner un peu plus de deux ans d’espérance de vie à l’âge de 20 ans, tout comme le fait de manger plus de céréales complètes (riz complet, pain complet, etc.) et de fruits à coque (jusqu’à 25 grammes par jour, soit, par exemple, une poignée de noix). Les fruits et légumes doivent toujours rester les ingrédients principaux de l’alimentation, mais les équipes norvégiennes estiment que le déficit de consommation est moins important concernant ces derniers. Pour tous les changements opérés, les gains espérés sont un peu plus forts chez les hommes que chez les femmes.
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