
Il s’agit d’un appel mondial à l’action contre la variole du singe. Le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus – dit « docteur Tedros » –, a décidé, samedi 23 juillet, de décréter une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) contre la variole du singe. Il s’agit du plus haut niveau d’alerte de l’OMS, qui y a recours seulement pour la septième fois.
Réunis une première fois le 23 juin, les experts du comité d’urgence avaient décidé que l’épidémie ne méritait pas le statut d’USPPI. Lors de ce deuxième rendez-vous, les seize experts réunis jeudi sous la houlette du docteur Jean-Marie Okwo-Bele, ancien directeur de la vaccination à l’OMS, n’ont pas réussi à obtenir un consensus, neuf étant contre l’USPPI et six pour.
Propagation rapide
C’est finalement le docteur Tedros qui a décidé de tirer la sonnette d’alarme, notamment parce que le virus s’est propagé rapidement dans de nombreux pays qui ne l’avaient jamais connu auparavant, que de nombreuses inconnues persistent dans le domaine scientifique et qu’il existe un risque pour la santé humaine et de possibles interférences avec les voyages internationaux. Le directeur de l’OMS a tout de même précisé que le risque dans le monde était relativement modéré, excepté en Europe, où il est élevé.
Si la variole du singe est considérée comme endémique dans une dizaine de pays africains depuis les années 1970, elle n’avait jamais fait l’objet d’une attention internationale, hormis quelques cas importés à la suite de voyages en Afrique. La situation a changé après le signalement, début mai, de trois cas au Royaume-Uni qui n’étaient pas liés à un voyage récent en dehors du pays.
Depuis lors, les cas se sont multipliés : plus de 15 000 dans 74 pays confirmés depuis le début de l’année, selon les données de l’OMS. Si la plupart des cas actuels concernent des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), les femmes peuvent aussi être concernées par la maladie, le mode de transmission du virus se faisant essentiellement par contact rapproché. Cinq personnes sont mortes de la maladie au Nigeria et en République démocratique du Congo, mais aucun mort n’est à déplorer hors d’Afrique depuis le début de l’épidémie, en mai.
Selon le docteur Tedros, le fait que cette flambée soit concentrée parmi les HSH, et en particulier ceux qui ont des partenaires multiples, « veut dire qu’elle peut être stoppée avec les bonnes stratégies dans le bon groupe ». Il est donc essentiel que tous les pays travaillent étroitement avec cette communauté pour lui fournir assistance et informations. « Ces mesures doivent protéger la santé, les droits humains et la dignité de la communauté affectée », a-t-il ajouté, martelant : « La stigmatisation et la discrimination peuvent être aussi dangereuses que n’importe quel virus. »
Il vous reste 56.94% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.