
« Il y a quinze ans, on sautait de joie à l’annonce ne serait-ce que d’une seule nouvelle thérapie ciblée ou immunothérapie. Aujourd’hui, il y en a des dizaines présentées à chaque congrès », se réjouit le professeur Jean-Yves Blay. De retour de l’ASCO, la grand-messe mondiale de la cancérologie, qui se tenait du 3 au 7 juin à Chicago, le directeur général du centre Léon-Bérard, à Lyon, et président d’Unicancer ne boude pas son plaisir : « Il y a encore beaucoup à découvrir pour mieux soigner les patients, mais c’est impressionnant de voir tous les efforts et progrès réalisés. »
Depuis deux décennies, la lutte contre le cancer, première cause de mortalité prématurée en France, qui emporte chaque année près de 360 000 femmes et hommes dans l’Hexagone, vit une révolution grâce au bouillonnement de la recherche académique et industrielle. Les chiffres en témoignent : entre 2002 et 2021, plus de deux cents nouvelles substances actives anticancéreuses ont obtenu une approbation commerciale dans le monde, dont plus de la moitié ces cinq dernières années seulement, calcule l’institut Iqvia.
Une ébullition due en partie à l’intérêt renouvelé des industriels pharmaceutiques pour ce marché, dont la valeur ne cesse de croître (en 2021, son chiffre d’affaires atteignait 176 milliards d’euros), mais aussi aux progrès effectués dans la compréhension des mécanismes de fonctionnement des cancers.
« Convergence de la science, de la technologie et des données »
Ces avancées scientifiques ont conduit à l’arrivée d’une médecine dite de précision, dont les thérapies ciblées, en plein essor, sont l’un des bras armés. L’idée est simple : adapter le traitement de chaque malade aux caractéristiques spécifiques de sa tumeur pour qu’il soit le plus efficace possible. Ainsi, un patient traité, par exemple, pour un cancer du poumon se verra prescrire des médicaments différents des traitements standards pour ce type de cancer, selon la mutation du gène qu’il présente.
Les thérapies ciblées sont plus efficaces et occasionnent moins d’effets secondaires chez les patients que les traitements classiques par chimiothérapie
De quoi aiguiser l’appétit des Big Pharma, nombreux à avoir pris le virage de la cancérologie ces dernières années, à l’instar du britannique AstraZeneca. Avec près d’une centaine de publications dévoilées à l’occasion de l’ASCO, dont l’une sur un traitement contre le cancer du sein constituait l’un des points d’orgue de cette édition 2022, le laboratoire a fait de l’oncologie son principal cheval de bataille. « Nous sommes à une époque inédite. La convergence de la science, de la technologie et des données va nous permettre d’offrir aux patients des thérapies qui vont au-delà de tout ce que nous avons pu imaginer auparavant », observe David Fredrickson, vice-président exécutif chargé de la division oncologie d’AstraZeneca.
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