Dix mille pas et plus. Football, rugby, hockey sur glace, sports de glisse sont particulièrement risqués en matière de commotion cérébrale. Un sujet qui inquiète le sport professionnel et amateur, car ces chocs ne sont pas toujours diagnostiqués, loin de là. Une chose est moins connue : les femmes sont plus touchées que les hommes. Le risque serait pour elles de 1,5 à 2 fois plus élevé en moyenne.
« Depuis longtemps, on sait que les femmes seraient plus exposées aux commotions cérébrales que les hommes, à nombre d’heures de pratique égales », indique Philippe Decq, chef du service de neurochirurgie de l’hôpital Beaujon (AP-HP), à Clichy (Hauts-de-Seine), qui travaille – à titre bénévole – pour la Fédération française de rugby. La commotion, qui peut être causée par un choc direct sur la tête ou au cou, une secousse violente ou un ébranlement indirect du cerveau, s’accompagne de la survenue de troubles témoignant d’un dysfonctionnement neurologique transitoire, qui varie beaucoup d’une personne à l’autre (vertiges, sensation d’être « sonné », céphalées, diplopie, vision d’étoiles, amnésie). Ces symptômes régressent le plus souvent en quelques jours, mais, dans de rares cas, ils peuvent persister à plus long terme.
Le neurologue Jean-François Chermann, spécialiste des commotions cérébrales, et consultant entre autres pour le PSG et le Racing, a mené une étude, publiée dans La Lettre du neurologue en décembre 2020, auprès de 510 athlètes, reçus entre janvier 2015 et mars 2020 dans une consultation spécialisée, chez lesquels une commotion cérébrale avait été suspectée. Parmi eux, 82 femmes. « Le délai de récupération est plus de deux fois plus long chez les femmes (40,9 jours) que chez les hommes (16,6 jours). Elles ont significativement plus de signes commotionnels persistants (53,6 % des femmes contre 27,8 % des hommes) et de syndrome post-commotionnel (12,2 % des femmes contre 3,97 % des hommes) », indique cette étude. Ce que montrent aussi des études américaines. « Les femmes rapportent un plus grand nombre de symptômes, avec une plus grande intensité », résume Jean-François Chermann.
Un cerveau plus vulnérable
« Si cette étude ne montre pas de différence par rapport à l’âge, dans mon expérience clinique, je constate que c’est encore plus problématique chez les enfants et davantage chez les filles que les garçons », ajoute le neurologue. « Après une commotion, les femmes présentent aussi des troubles des fonctions cognitives plus marqués que les hommes », constate Dave Ellemberg, neuropsychologue à l’université de Montréal (Québec), qui suit les commotions cérébrales depuis une vingtaine d’années.
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