Tribune. Le Sénat refuse mordicus que les femmes homosexuelles et les femmes seules accèdent à la procréation médicalement assistée (PMA). Il n’y a pourtant aucune raison valable de le refuser. Le dictionnaire Larousse définit le mot « réactionnaire » : « Qui se montre partisan d’un conservatisme étroit ou d’un retour vers un état social ou politique antérieur. »
Toutes les études scientifiques qui se sont intéressées au devenir des enfants conçus et élevés par des femmes seules ou par des femmes en couple homosexuelles ne montrent aucune différence avec des enfants élevés dans des familles hétérosexuelles. Il ne suffit pas de répéter inlassablement qu’un enfant a besoin d’une maman et d’un papa, comme le ressassent à l’envi les militants de « La Manif contre tout » (nom plus approprié aux postures des autoproclamés La Manif pour tous).
Ces enfants n’ont pas de retard de développement, n’ont plus de troubles affectifs, n’ont pas plus de souffrances psychologiques, n’ont pas une orientation sexuelle différente. Il n’y a donc aucune raison médicale, psychologique ou éthique de leur refuser le droit d’exister. Il n’y a pas plus de raisons de continuer à refuser à ces femmes d’accéder à la parentalité et de ne leur laisser comme seule option que de se rendre à l’étranger, ce qui induit une sélection par l’argent inacceptable.
Les pays où cet accès est autorisé ne sont pas submergés par des familles dysfonctionnelles et leur société n’est pas mise en péril. En Belgique, ces prises en charge sont autorisées depuis 1983 ! La position rétrograde de la France est pathétique. Une large majorité de pays européens autorisent ces femmes à avoir des enfants. La position de la France sur ces sujets est véritablement incompréhensible.
Anathèmes ridicules
Plusieurs instances françaises ont donné un avis favorable à ces prises en charge après audition de dizaines d’experts médecins, pédiatres, psychiatres, psychologues, spécialistes des enfants, mais aussi de philosophes, de sociologues et de religieux. Evidemment, tous ces experts ne sont pas unanimement favorables à ces prises en charge.
Mais le Comité national d’éthique, l’Académie de médecine, les instances représentant les spécialités médicales concernées considèrent, après audition de ces experts, que ces prises en charge ne mettent en danger ni les enfants ni notre société. Ces experts ont tout de même bien plus de légitimité que nos sénateurs de juger du bien-être futur de ces enfants.
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