Etre sur le front d’un été extrêmement tendu à l’hôpital tout en préparant une rentrée chargée… La mission du nouveau ministre de la santé, le docteur François Braun, s’avère d’emblée délicate. L’urgentiste de profession a déployé, depuis son arrivée avenue de Ségur, le 4 juillet, la palette de 41 mesures qu’il avait lui-même proposées au sein d’une mission « flash » commandée par l’exécutif, pour tenir l’été dans les services d’urgence en pleine crise. Soit un traitement de court terme pour maintenir la continuité des soins, ou une phase de « damage control », comme il la qualifie. Avec notamment ce dispositif-phare, soutenu par une partie de la communauté médicale, mais aussi contesté par certains syndicats qui dénoncent une remise en cause du service public : la mise en place de la « régulation » pour accéder aux urgences, en appelant le 15. Ce filtrage des admissions concerne, en ce début du mois d’août, 25 % des 660 services d’urgences selon le ministère de la santé, qui comptabilise par ailleurs huit services totalement fermés.
Dans le même temps, le ministre se prépare à une tout autre tâche : trouver les remèdes pour répondre aux maux de l’ensemble d’un système de soins en grande souffrance, qui ont éclaté de nouveau au grand jour après deux années de crise sanitaire. Déserts médicaux et accès aux soins, lits fermés dans les hôpitaux faute d’infirmières, maternités sous grande tension avec les postes vacants de sage-femme… C’est l’objet de la grande conférence sur la santé promise par le candidat Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle. Des états généraux avec les acteurs du secteur – dont le nom officiel n’a pas encore été défini – qui vont s’ouvrir en septembre par une phase citoyenne, sous une forme numérique et avec de « grands débats » organisés par les élus locaux.
« Forcer, ça ne marche pas »
« Dès que le président de la République va annoncer la “refondation”, on va démarrer tout de suite, assure François Braun, en référence au “conseil national de la refondation”, dans lequel doit s’intégrer cette consultation. Cela va nous amener à des conclusions en fin d’année. » Le bilan des mesures de l’été pour les urgences doit être effectué fin septembre pour décider de leur pérennisation et viendra alimenter les débats de la concertation, qui se poursuivra par des allers-retours avec les territoires. « Début 2023, on met la boîte à outils complète sur la table et on attaque cette rénovation du système de santé », prévoit-il.
Bien que le temps presse et que les grands-messes et rapports sur le système de santé en crise n’aient pas manqué ces dernières années, il défend son tempo. « Tout le monde dit que le diagnostic existe déjà, mais ce que je veux, ce sont des solutions », souligne François Braun, qui espère « transformer un système basé sur l’offre de soins en un système qui part de la réponse aux besoins de santé ».
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