
Sophrologie, kinésiologie, hypnose, auriculothérapie, naturopathie, réflexologie… Depuis une quinzaine d’années, la liste de ce qu’on appelle communément « médecines complémentaires » ou « médecines douces » ne cesse de s’allonger, s’apparentant presque à un inventaire à la Prévert. Un foisonnement de pratiques aussi diverses les unes que les autres qui témoigne de l’engouement des Français pour ces soins alternatifs, pourtant non reconnus sur le plan scientifique par la médecine conventionnelle. Ils seraient près de 40 % à se presser, chaque année, chez ces praticiens pour soulager leurs maux physiques ou psychiques.
Une tendance lourde que la crise sanitaire n’a pas freinée. En ville, les cabinets de praticiens proposant des pratiques de soins non conventionnels – le terme officiel – à des tarifs oscillant de plusieurs dizaines à une centaine d’euros par séance se sont multipliés. Certains sont parfois même installés au sein de maisons de santé, où ils exercent à côté de professionnels du secteur paramédical (infirmiers, orthoptistes, diététiciens…) ou de médecins généralistes ou spécialistes.
Si aucun chiffre officiel ne recense le nombre de ces praticiens qui officient dans l’Hexagone, le secteur regrouperait, selon les estimations de la société savante NPI Society (société d’interventions non pharmacologiques), plus de 160 métiers différents, auxquels sont associés plusieurs milliers de soins distincts, chaque discipline se scindant en de multiples branches aux fondements théoriques variés.
Profusion de formations
De quoi donner le tournis aux clients. Cette envolée du marché, qui s’observe aussi dans la profusion de formations proposées par des écoles privées pour enseigner ces disciplines, s’explique notamment par l’absence de régulation par les pouvoirs publics. Au grand dam des médecins, nombreux à s’inquiéter de cette prolifération. Car, à l’inverse des professionnels de santé, dont les pratiques sont strictement encadrées et l’efficacité des traitements évaluée scientifiquement avant qu’ils ne soient validés par les autorités, les praticiens de médecines alternatives sont libres de définir les soins qu’ils proposent, sans avoir à fournir de preuves de leurs bienfaits, à condition de respecter le code de la consommation et les règles du commerce.
Une campagne de contrôles menée par la DGCCRF constatait un taux d’anomalie de 66 %, dont les deux tiers concernaient des pratiques commerciales trompeuses
« En pratique, cela signifie que n’importe qui peut demain mettre une plaque devant sa porte et s’improviser naturopathe ou sophrologue. Forcément, cela ouvre la porte à des escrocs avides de profiter de ce business lucratif », note le professeur Bruno Falissard, directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations à Villejuif (Val-de-Marne).
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