Tribune. Les décisions de santé individuelles comme collectives doivent répondre à une exigence éthique. Cette exigence passe en particulier par une démarche fondée sur les preuves, selon les règles bien établies et utilisées internationalement afin de délivrer des soins dont l’efficacité est démontrée, dont le niveau de risque est connu et dont les bénéfices dépassent les risques. C’est ce rapport bénéfices-risques qui est au cœur des décisions, dans tous les pays et pour toutes les institutions indépendantes relevant de la santé.
L’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur l’usage de la cigarette électronique (« Avis relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique », 4 janvier) suit ces règles.
Des produits de consommation courante
La majorité des connaissances sur les « produits du vapotage » (constitués d’une batterie, d’un réservoir rempli par un liquide, chauffé par une résistance et produisant un aérosol), dénomination utilisée par la loi de 2016 de modernisation de notre système de santé, rappelle que ceux-ci ne sont pas des produits de santé, mais des produits de consommation courante.
En France, plus de la moitié des utilisateurs de cigarette électronique fument aussi du tabac. La réduction de la consommation du tabac (par exemple passer de quinze à cinq cigarettes par jour) ne réduit pas le risque des maladies ou de décès liés au tabac.
Certains utilisateurs utilisent cet argument pour recourir aux produits du vapotage afin de diminuer le risque incontestable associé à l’usage du tabac. Il est donc important que le message d’un soutien à l’arrêt complet de la consommation de tabac soit bien entendu par les professionnels de santé, par le secteur social et par les fumeurs.
Or, les données de sources actuellement disponibles, n’ont pas le niveau de preuve suffisant concernant le bénéfice apporté par les produits du vapotage comme aide à l’arrêt de la consommation de tabac en comparaison aux autres traitements validés, médicamenteux ou non. En outre, ces données ne permettent pas non plus d’évaluer le risque potentiellement associé à leur utilisation.
Un risque de devenir fumeur
En conséquence, en raison du niveau de preuve insuffisant comparé au niveau de preuve exigé pour les produits de santé, le groupe de travail du HCSP ne pouvait pas recommander aux professionnels de santé la « prescription » des produits du vapotage dans cette indication. Ces recommandations sont en phase avec celles des autorités de santé de plusieurs pays et des instances de santé internationales.
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