
Une raison de plus, s’il en fallait, pour éloigner les enfants des écrans. En lançant une campagne de sensibilisation du grand public au fléau planétaire de la myopie, vendredi 24 juin, l’Institut d’éducation médicale et de prévention (IEMP), sis à Lyon, a tiré la sonnette d’alarme. Selon une enquête Ipsos menée du 12 au 22 avril pour le compte de cet établissement privé financé par l’industrie de l’optique et des mutuelles, auprès d’un échantillon représentatif de 3 601 Français, les enfants âgés de 3 à 6 ans consacrent aujourd’hui 3 h 29 par jour à des activités sollicitant la vision de près : livre, smartphone, tablette, ordinateur, jeu vidéo. Cette durée passe à 4 h 03 chez les 7 à 10 ans, à 6 h 54 chez les 11 à 13 ans et à 7 h 28 chez les 14 à 18 ans.
Ces données pourraient d’ailleurs être en deçà de la réalité. « Elles correspondent à l’évaluation qu’en font les parents et sont très probablement sous-estimées », relève Bruno Assouly, fondateur de l’IEMP. Elles confirment surtout le lien entre l’usage des écrans et l’envolée des cas d’anomalie de la réfraction qu’est la myopie, laquelle se traduit par une vision floue de loin et nette de près. « Le temps important consacré aux activités sur écrans sollicite fortement la vision de près, au même titre que la faible exposition à la lumière naturelle, du fait de la diminution des activités en extérieur et de l’allongement de la durée des études qui favorisent le travail intensif de près », explique M. Assouly.
La myopie a certes un caractère héréditaire : le risque chez un enfant serait multiplié par deux si l’un de ses parents est myope et par trois à huit si ses deux parents le sont. Mais les facteurs génétiques ne sont impliqués que « dans 10 % des cas » et jouent un rôle « moins prépondérant » que les facteurs environnementaux, estime l’IEMP. Il y a encore dix ans, le chef du service d’ophtalmologie de l’Hôpital américain de Paris réfutait que le temps passé sur les écrans favorise le développement de la myopie, au motif que cette « théorie », disait-il, ne trouvait, à l’époque, « aucun support scientifique ».
Un phénomène mondial
En 2022, plus personne n’ose tenir de tels propos. « Les enfants d’aujourd’hui regardent plus d’écrans et lisent de plus près qu’avant. Cela induit la contraction d’un muscle qui déforme le cristallin. Pour éviter cela, l’œil va automatiquement grossir et provoquer une myopie », explique le docteur Thomas Jona Wolfensberger, médecin chef à la clinique ophtalmique universitaire Jules-Gonin de Lausanne, en Suisse, établissement sans aucun lien avec l’initiative de sensibilisation prise par l’IEMP.
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