Ce vendredi matin de juin, la chaleur est déjà là, l’ambiance est joyeuse, les rires fusent çà et là, une petite vingtaine de militaires et de gendarmes participent à une épreuve de biathlon. Agés de 25 à 49 ans, Stéphane, Eymeric, Morgan, Guillaume… ont tous en commun d’avoir été blessés physiquement ou psychiquement sur le terrain, lors de missions en Afghanistan, en Guyane ou au Mali, lors d’opérations Sentinelle ou encore sur le trajet domicile travail. Tous souffrent d’un état de stress post-traumatique (ESPT). Ils sont réunis pour une semaine au centre régional jeunesse et sports (CRJS) d’Aubigny-sur-Nère (Cher), un vaste cadre de verdure bordé d’étangs, lors de la 11e édition des Rencontres militaires blessures et sports, organisées par la cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre (Cabat) depuis 2012, en coordination avec le Centre national des sports de la défense (CNSD), le Cercle sportif de l’institution nationale des invalides (Csini) et d’autres cellules d’aide aux blessés des autres armées. Ces rencontres se déroulent durant quatre semaines, ce qui permet d’accueillir environ quatre-vingts blessés chaque année.

Pour cette épreuve de tir et de course d’orientation, ils fonctionnent par équipes, en duo ou en trio, et doivent aller chercher des balises autour du lac lors d’une course qu’ils effectuent en courant, en marchant ou à vélo. Chaque épreuve est adaptée. Lors de l’épreuve de tir, s’ils ne veulent pas toucher une arme, ils peuvent utiliser la sarbacane. Ici, pas de compétition. « Sourire et transpiration, c’est gagné », lance le lieutenant, référent national dans l’accompagnement des blessés de la Gendarmerie nationale, qui comme ses collègues, pour des raisons de sécurité, a demandé à n’être cité que par son prénom, Franck.
C’est l’une des nombreuses activités proposées durant la semaine : plongée en piscine, équitation, tir à l’arc, kart, rugby fauteuil, VTT. Présent tout au long du séjour, l’encadrement, des médecins aux accompagnateurs sportifs, en passant par les acteurs de la logistique, participe aussi aux séances.
Guide vers la resocialisation
« Ces rencontres sont une étape essentielle dans le parcours de vie du militaire blessé. Elles visent, grâce au sport, à renouer des liens en créant une atmosphère conviviale et bienveillante pour le guider vers la resocialisation », explique Isabelle, lieutenante-colonelle, adjointe du chef de la cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre, qui coordonne les rencontres cette semaine-là. « Le sport permet de véhiculer les valeurs d’autonomie, de reprise de confiance en soi, de regagner un sentiment d’apaisement. Ici, les questions de hiérarchie, d’uniformes ou de grades, prégnantes dans le monde militaire, n’existent plus pour ne garder que la fraternité d’armes », poursuit Isabelle.
Il vous reste 68.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.