Tribune. Le Ségur de la santé n’a en rien apporté une réponse à la crise hospitalière – à la désespérance des soignants – et encore moins aux insuffisances du système de santé, notamment au niveau des territoires. Aucune leçon ne semble avoir été tirée de la crise sanitaire. Les corporatismes, en période préélectorale, poussent les feux, la bureaucratie reprend ses droits, voire s’accentue, et le système de santé donne tous les signes d’un effondrement « programmé ».
C’est pourquoi nous interpellons directement les candidats à la présidence de la République sur la nécessité de réformer le système de santé. Ce sujet est aussi important que ceux de l’immigration ou de la sécurité, qui occupent quotidiennement les médias. Nous proposons deux mesures de rupture pour « réenchanter » notre système de santé et, singulièrement, l’hôpital public, auquel nous sommes viscéralement attachés : donner une responsabilité aux régions en matière de santé et libérer l’hôpital public de ses contraintes bureaucratiques.
Pour nous, il est clair que le pilotage du système de santé doit être confié aux régions en matière de tutelle et de régulation. C’est ce qu’ont fait la grande majorité des pays qui nous entourent. La présidence du conseil d’administration des agences régionales de santé (ARS) doit être assumée par la région. En même temps, les délégations départementales des ARS doivent disposer de compétences générales inscrites dans les orientations stratégiques définies au niveau régional.
Les compétences des régions doivent être élargies à la santé, en complément de leurs compétences en matière de formation, de recherche, d’environnement et d’aménagement du territoire. Donner le pouvoir de décision à ceux qui connaissent les problèmes et difficultés du terrain relève à nos yeux du simple bon sens. Bien sûr, le rôle de l’Etat est important, mais il doit être limité à l’essentiel : les priorités nationales de santé publique, le financement du système de santé avec le Parlement, les normes de sécurité sanitaire et les règles d’exercice des métiers de la santé.
Intérêts corporatistes
Nous pensons que l’Objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam) doit être décliné en enveloppes de santé par région, sur la base de critères de population et de santé publique. Les conseils régionaux pourront participer au financement des investissements ou d’équipements dans le domaine de la santé tout en abondant à la marge les tarifs nationaux Bien évidemment, les conseils régionaux deviennent, dans un tel schéma, responsables des équilibres financiers régionaux. Des pouvoirs accrus impliquent une responsabilité financière.
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