
Le gouvernement a interrogé Orpea à la suite d’« allégations graves » dans le livre-enquête Les Fossoyeurs, qui accuse le groupe de privilégier la rentabilité sur le bien-être des personnes âgées et décidera s’il y a lieu de diligenter une enquête, a annoncé, mardi 25 janvier, le ministre de la santé.
Interpellé sur le sujet lors de la séance des questions d’actualité à l’Assemblée nationale, Olivier Véran a déclaré que les pouvoirs publics devaient la vérité « aux familles, aux soignants et aux résidents ».
« Allégations graves »
« J’ai demandé à la ministre déléguée en charge de l’autonomie, Brigitte Bourguignon, de saisir immédiatement le groupe, de manière à ce que des réponses puissent être apportées », a-t-il dit, parlant d’« allégations graves ».
« A la lumière de ces conclusions, je verrai s’il y a lieu de diligenter une enquête de l’Inspection générale sur l’ensemble du groupe pour vérifier les procédures en vigueur et quelles sont les conditions avec lesquelles ils prennent en charge », a ajouté le ministre.
A la suite de la publication par Le Monde, lundi, des bonnes feuilles du livre du journaliste Victor Castanet, Orpea a suspendu sa cotation. L’action a souffert, mardi, à la Bourse de Paris, chutant de 28,88 % à la reprise.
Le groupe de maisons de retraite, dans un communiqué, a contesté, lundi, « l’ensemble de ces accusations que nous considérons comme mensongères, outrageantes et préjudiciables ».
Il a ajouté avoir saisi ses avocats au sujet d’éventuelles suites judiciaires à engager ultérieurement.
Dans l’enquête publiée chez Fayard, témoignages et documents font état notamment de rationnements de nourriture et de produits d’hygiène au détriment des personnes âgées prises en charge dans les structures d’Orpea, qui gère près de 1 200 établissements en Europe et en Amérique latine.
Les députés socialistes favorables à un droit de visite pour les parlementaires
En parallèle, les députés socialistes ont demandé mardi que les parlementaires puissent disposer d’un droit de visite dans les Ehpad, sur le modèle de ce qui se pratique pour les lieux de privation de liberté.
« Il faut que les parlementaires puissent se rendre dans les Ehpad », a demandé le porte-parole du groupe socialiste Boris Vallaud, interrogé sur les révélations des Fossoyeurs.
A l’initiative de la députée Christine Pires Beaune, les députés socialistes souhaitent, en effet, que les parlementaires aient le droit de visiter les Ehpad, hôpitaux et toute structure dont les résidents ou patients bénéficient d’une aide publique, « à l’improviste, comme nous l’avons pour les prisons ». « Ces visites peuvent faire bouger les choses. En cas de dysfonctionnements les groupes privés risquent le “name and shame” et cela peut avoir un effet bénéfique sur la prise en charge des résidents », a expliqué Christine Pires Beaune.
Depuis 2000, la loi permet aux parlementaires de visiter à l’improviste les locaux de garde à vue, les centres de rétention, les zones d’attente et les établissements pénitentiaires. En 2015, ce droit a été élargi aux centres éducatifs fermés.
L’écho médiatique donné aux Fossoyeurs a permis aux oppositions de dénoncer les « promesses non tenues » d’Emmanuel Macron sur le sujet plus vaste de la dépendance.
Patron des députés LR, Damien Abad a demandé la mise en œuvre d’Etats généraux de la dépendance.
« On ne peut pas continuer comme ça », a-t-il affirmé en épinglant la gestion par le gouvernement de la crise sanitaire dans les Ehpad. « Elle a été une catastrophe absolue. Les portes des réanimations ont été fermées pour les patients des Ehpad », a-t-il critiqué.
Emmanuel Macron avait promis, en 2018, une loi sur la dépendance des personnes âgées, avant que ce projet ne soit remisé dans les cartons. Des mesures pour le grand âge ont été votées dans le cadre du budget 2022 de la Sécurité sociale.