Il y a des passages vers l’ailleurs qui sont parfois accompagnés d’un dernier message. Celui laissé par l’ancienne secrétaire d’Etat, Paulette Guinchard-Kunstler, est éthique et politique. Souffrante d’une maladie incurable, l’ex-députée socialiste a décidé de mourir par recours au suicide médicalement assisté, le 4 mars, en Suisse. En 2005, elle s’opposait pourtant à ce que l’euthanasie soit légalisée en France, dans une tribune publiée dans le Monde.
Pour Olivier Falorni, député du groupe Libertés et Territoires, « son courage dans la souffrance et sa manière d’assumer son évolution de point de vue, rappelle qu’il y a urgence à légiférer sur la fin de vie, pour que puissent choisir celles et ceux qui sont condamnés ». Alors que l’euthanasie active a été légalisée jeudi 18 mars en Espagne, M. Falorni portera le 8 avril dans l’hémicycle une proposition de loi très attendue à ce sujet. Pour la défendre se dresse avec lui un front parlementaire d’élus de tous bords, de La France insoumise (LFI) jusqu’au parti Les Républicains (LR).
Le combat autour de la fin de vie n’est pas nouveau. Il gagne en revanche du terrain au sein des deux chambres parlementaires. Rien que depuis 2017, quatre d’entre eux ont déposé des propositions de lois très proches : l’« insoumise » Caroline Fiat (2017), le « marcheur » et président du comité de réflexion sur la fin de vie Jean-Louis Touraine (2017), la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie (2020) et la députée LR Marine Brenier (2020).
Le débat infuse de plus en plus, y compris au sein de la droite conservatrice. « Le rejet de la proposition socialiste au Sénat, par une courte majorité de 19 voix, le 11 mars dernier, démontre qu’une évolution d’opinion majeure a eu lieu », soutient Mme Brenier. Si l’union est rendue possible, c’est en raison d’un constat partagé sur la loi Claeys-Leonetti, adoptée en 2016, renforçant la loi de 2005 sur l’euthanasie passive. « Elle ne suffit pas. Le texte a certes permis des avancées, mais il n’a pas donné sa voix au patient, laissant de côté nombre de souffrances », résume M. Touraine, professeur de médecine.
L’opinion très favorable
Pour convaincre du besoin de faire évoluer la législation, les élus présentent d’abord les chiffres qui témoignent d’un soutien très fort de l’opinion publique au principe d’euthanasie active. « 96 % des Français se disent favorables à une évolution du droit en la matière, au-delà des considérations politiques et religieuses de chacun », avance Marie-Pierre de la Gontrie, d’après un sondage Ipsos de 2019.
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