
C’est un portrait-robot du consommateur de cannabis tout en contrastes, parfois à rebours des idées reçues, que révèle la dernière étude « Tendances » de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) sur la consommation en population adulte, publiée lundi 19 décembre.
Les données de cette enquête, menée auprès de 23 661 adultes âgés de 18 ans à 64 ans, en partenariat avec l’agence Santé publique France, confirment d’abord la stabilisation des grands indicateurs de consommation, avec 10,6 % de la population ayant consommé du cannabis dans l’année, et 47,3 % (soit près de dix-huit millions de Français) l’ayant déjà expérimenté au cours de leur vie. Elles soulignent aussi la tendance au vieillissement de l’usager moyen du cannabis, dont l’âge est passé de 25,1 ans à 32,8 ans entre 1992 et 2021.
Chez les moins de 25 ans, l’ensemble des indicateurs est à la baisse depuis 2017, que cela concerne l’expérimentation – en baisse de 5,5 points par rapport à l’étude de 2017, passant de 53,5 % à 48 % – ou l’usage régulier – diminution de 2,1 points entre 2017 et 2021, de 8,4 % à 6,3 %. Au contraire, les usagers sont de plus en plus nombreux à déclarer une consommation au-delà de 35 ans, plus encore après 45 ans : 3,4 % des 45-54 ans ont consommé du cannabis au moins une fois par mois en 2021 contre 2,9 % en 2017 ; et 2,5 % des 55-64 ans en ont consommé dans l’année en 2021 contre 1,6 % selon l’étude de 2017.
« Ces éléments interrogent sur une vision initiale un peu naïve de l’usage du cannabis dans la population, souligne Stanislas Spilka, responsable de l’unité scientifique DATA de l’OFDT et coauteur de l’étude. A la fin des années 1990, on croyait qu’au-delà de 25 ans, avec une vie active, en couple, l’usage baisserait. Or, on remarque qu’une partie de ces jeunes usagers de l’époque ont poursuivi – ou repris – leur usage en vieillissant. »
Ces données questionnent aussi les usages a priori plus éloignés du contexte dit « festif » traditionnellement observé dans les populations les plus jeunes. « Cette image-là n’est vraisemblablement pas la même à 40 ans, observent les auteurs. Il convient d’amorcer une réflexion sur ces usages du “joint du soir” ou au dîner par exemple. » Une analyse du contexte et des motivations de ces fumeurs plus âgés fera l’objet d’une étude qualitative attendue l’année prochaine.
« Changement de comportements »
Cette photographie à un instant T fige aussi les écarts importants en matière de consommation entre les femmes et les hommes : 54,9 % des hommes contre 39,9 % des femmes ont déjà expérimenté la substance. Des chiffres bien éloignés de ceux des autres drogues illégales, variant entre 1 % et 3 %. Quant à l’usage de cannabis dans l’année, il est deux fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes : 14,2 % contre 7,2 %.
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