Ils étaient considérés par la police comme une « équipe de poids », gérant à la fois l’approvisionnement et le deal de la cité Charles-Schmidt, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), un « four » – lieu de vente de stupéfiants – qui générait près de 80 000 euros de chiffre d’affaires hebdomadaire. Jeudi 20 et vendredi 21 janvier, huit personnes âgées de 20 à 39 ans, parmi lesquelles deux femmes, toutes défavorablement connues des services de police, ont été interpellées en deux vagues par les enquêteurs du service départemental de police judiciaire de Seine-Saint-Denis, à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et Argenteuil (Val-d’Oise).
L’opération, minutieusement préparée après sept mois d’enquête menée conjointement avec le commissariat de Saint-Ouen, dans le cadre d’une commission rogatoire délivrée par une juge d’instruction du tribunal judiciaire de Bobigny, a permis la découverte de plus de 250 kilos de résine de cannabis et 6 kilos d’herbe dans un appartement et un véhicule utilitaire. « Aucune arme n’a été retrouvée, souligne une source policière, mais l’opération matérialise l’une des plus importantes prises dans le secteur, qui aboutit au démantèlement d’un point de deal parmi les plus rentables de Saint-Ouen. »
Particulièrement bien organisés, les suspects conservaient leur stock dans le département voisin du Val-d’Oise, estimant que la pression policière y était moindre qu’en Seine-Saint-Denis, et approvisionnaient régulièrement le « four » de la cité Charles-Schmidt grâce à des coursiers chargés d’y apporter la marchandise en empruntant des véhicules de transport avec chauffeurs (VTC).
Conflit sanglant
Située à 250 mètres de la station de métro Garibaldi, sur la ligne 13, la cité Charles-Schmidt, qui compte 113 logements, a été classée parmi les « zones de sécurité prioritaire » en 2013, puis incluse dans les « quartiers de reconquête républicaine », en 2019. Depuis quelques mois, le trafic y a bénéficié d’un net regain en raison d’opérations de « pilonnage » des forces de l’ordre menées dans d’autres zones de la commune de Saint-Ouen, comme la cité Michelet, qui ont entraîné un report de la clientèle vers Charles-Schmidt. Comme d’autres quartiers de la ville, cette cité se retrouve, depuis plusieurs années, au cœur de violents affrontements entre trafiquants de drogue pour le contrôle du commerce de cannabis.
Le conflit sanglant avec un certain Mehdi El Zohairi, surnommé « Malsain », présenté comme le gérant du point de deal de la cité des Boute-en-Train, avait notamment conduit à l’assassinat, en août 2019, de Mohamed Gacem alias « Cyborg », soupçonné alors de diriger le trafic. S’en était suivie une longue guerre pour la maîtrise du trafic. En septembre 2020, deux jeunes hommes avaient été retrouvés morts par balles dans une cave de la cité Soubise. Le 16 février 2021, un jeune homme de 25 ans avait été grièvement blessé par balles cité Cordon après qu’un homme de 26 ans avait été battu à mort, à quelques mètres de là, un mois et demi plus tôt. Au mois de juillet 2021, la police avait déjoué un énième règlement de comptes en interpellant un trentenaire transportant, dans un sac de croquettes pour chien, un fusil d’assaut de fabrication yougoslave.
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