(Québec) Le ministre de la Santé, Christian Dubé, est clair : « il n’y a eu aucune intervention politique » dans la décision ayant mené au congédiement de deux infirmières du CLSC de Joliette, contrairement à ce qu’affirme le syndicat interprofessionnel de Lanaudière. Le CISSS de Lanaudière a conclu, un peu plus tôt cette semaine, que les deux travailleuses ont tenu des propos discriminatoires envers une patiente atikamekw.
« La réponse, c’est non. Ce n’est vraiment pas une décision politique », a affirmé le ministre Christian Dubé, vendredi. Ce dernier réagissait aux propos du président du Syndicat interprofessionnel de Lanaudière, Stéphane Cormier, qui a déclaré dans une entrevue à La Presse que le renvoi des deux infirmières impliquées dans cette histoire est « un congédiement politique ».
Le ministre Dubé a assuré qu’il se « fie à 100 % à la décision » prise par la présidente-directrice générale par intérim du CISSS de Lanaudière, Caroline Barbir. « C’était une situation totalement inacceptable et je vous dirais qu’il n’y a eu aucune intervention politique dans cette décision-là », a-t-il ajouté.
Deux infirmières ont été congédiées par le CISSS de Lanaudière mardi après avoir tenu des propos discriminatoires envers Jocelyne Ottawa, une Atikamekw de Manawan. Ces évènements sont survenus six mois après le décès tragique de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette, morte sous les insultes racistes du personnel soignant. Sa mort a plongé le gouvernement Legault dans une crise.
En réaction, Québec a annoncé en décembre qu’une formation sur la réalité autochtone sera désormais obligatoire pour tout le personnel du réseau de la santé de la province. Selon M. Cormier, les infirmières ont justement tenté de mettre en application « ce qu’elles avaient appris dans leur formation ». Il indique que les deux ex-employées sont depuis mardi « sous le choc et abasourdies » par la tournure des évènements.
Toujours selon M. Cormier, « la première [infirmière] a été rencontrée à 15 h [mardi]. Ils lui ont posé quatre questions, ils ont lu la feuille de l’avocat ; tu es congédiée. Ils n’avaient même pas encore entendu la version des faits de la deuxième infirmière ! »
Mardi, dans un communiqué de presse, la direction du CISSS de Lanaudière a confirmé avoir congédié les deux employées après les avoir rencontrées. « Je rappelle à quel point les comportements discriminatoires, racistes et intimidants sont inacceptables. Ils doivent être dénoncés et condamnés », a affirmé Mme Barbir.
« Les propos tenus par les deux employées congédiées témoignent d’un manquement au code de déontologie de la profession d’infirmière, au code d’éthique et aux valeurs de l’organisation, a-t-elle ajouté. Le CISSS de Lanaudière a une politique de tolérance zéro envers les comportements racistes, discriminatoires et intimidants, et je veux que ce message soit entendu clair et fort », a-t-elle ajouté.
Dans ce même communiqué, on indique que « les détails relatifs à l’enquête interne demeurent confidentiels et cette mise à jour fait foi de déclaration officielle de l’organisation ».
Jocelyne Ottawa, sœur du chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Paul-Émile Ottawa, a dit avoir été maltraitée vendredi dernier par deux infirmières du CLSC de Joliette, où elle s’était rendue pour recevoir des soins. On lui aurait dit : « On va t’appeler Joyce », et demandé de chanter une chanson en atikamekw.