« Je ne suis pas un homme modèle. Je prends juste ma part », dit d’emblée Guillaume Daudin. Comme quelques milliers d’hommes en France, ce journaliste de 35 ans a fait le choix d’une contraception masculine autre que le préservatif. Depuis quelques années, si l’on observe une timide évolution des mœurs et des mentalités à ce sujet, la contraception reste, de façon ultramajoritaire, une « affaire de femmes ». Pourquoi ? C’est la question à l’origine de son roman graphique Les Contraceptés : enquête sur le dernier tabou (Steinkis éditions, 160 pages, 19 euros), coécrit avec son confrère Stéphane Jourdain et dessiné par Caroline Lee.
Le projet, raconte Guillaume Daudin, naît de son histoire personnelle :
« Il y a trois ans, ma compagne était enceinte ; s’est alors posée la question de la méthode contraceptive qu’on utiliserait après. La contraception, c’est une histoire de couple. Il n’y a aucune raison pour que cette charge repose uniquement sur ma copine. Je me suis donc demandé ce qui existait pour moi. »
La Haute Autorité de santé (HAS) en France répertorie trois solutions contraceptives pour les hommes, mais celles-ci présentent toutes des limites :
- le préservatif masculin, très fiable s’il est correctement utilisé, est souvent jugé trop contraignant ;
- le retrait, qui a toutefois un « taux élevé d’échec », souligne la HAS ;
- la vasectomie, une opération qui consiste à couper les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes à partir des testicules, rendant ainsi l’homme stérile. Le caractère définitif de cette intervention effraie et la pratique reste très marginale en France. Même s’il existe une opération de reconstruction des canaux déférents, la vasovasostomie, mais la possibilité d’inverser le processus n’est pas garantie.
Aucune de ces possibilités ne convainc alors Guillaume Daudin. Il découvre alors deux autres solutions qui, bien qu’elles aient fait la preuve de leur efficacité, restent encore peu connues et peu utilisées : les contraceptions masculines hormonale et thermique.
« Une simple question d’habitude »
La première, validée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), consiste en des injections hebdomadaires de testostérone, qui fait diminuer la production de spermatozoïdes jusqu’à la stérilité. Il faut attendre environ trois mois pour obtenir l’effet contraceptif souhaité. La méthode est réversible : une fois le traitement arrêté, les testicules mettent trois à six mois à refabriquer suffisamment de spermatozoïdes.
La méthode thermique consiste à augmenter légèrement la température des testicules grâce à la chaleur corporelle : un sous-vêtement adapté ou un simple anneau en silicone permettent de les remonter hors du scrotum. Cela suffit à les faire passer de 35 °C à 37 °C, interrompant ainsi la production de spermatozoïdes. Pour être efficace, ce dispositif doit être porté quinze heures par jour, sept jours sur sept. Après trois mois d’utilisation, l’homme devient infertile et le processus est réversible. Ce moyen de contraception n’est reconnu ni par l’OMS ni par le ministère de la santé français. Il est pourtant jugé fiable et sans effet secondaire par l’Association française d’urologie.
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