Tribune. Le Sénat a rejeté [dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 février] la possibilité des couples de femmes homosexuelles et des femmes seules d’accéder à la procréation médicalement assistée (PMA). La France s’apprêtait à combler le retard abyssal qu’elle a en matière de PMA en comparaison de ses voisins européens.
L’accès des femmes seules et homosexuelles à la PMA est autorisé en Belgique depuis 1983, par exemple. Et ce pays n’est pas à feu et à sang en matière de sociologie familiale comme nous le prédisent les opposants à la PMA.
Mais, quarante ans plus tard, la France, ou plutôt certains de ses élus restent conservateurs et ratatinés dans leurs certitudes vieillottes alors que la majorité de nos concitoyens est favorable à cette ouverture.
La composition du Sénat, avec seulement 30 % de femmes et un âge moyen de 61 ans, explique peut-être cette décision incompréhensible. Peut-être ses membres sont-ils influencés par le raffut de La Manif pour tous (Manif contre tout serait en fait une dénomination plus appropriée) qui représente une minorité de Français, comme le montrent leurs maigres rassemblements ?
Attaques, pressions
Il faut reconnaître à Emmanuel Macron le courage d’avoir fait ce que certains présidents avaient promis ou envisagé avant qu’ils ne reculent devant l’agitation de ces milieux conservateurs et chrétiens.
La composition du Sénat, avec seulement 30 % de femmes et un âge moyen de 61 ans, explique peut-être cette décision incompréhensible
Depuis des mois, les opposants au projet mettent en avant leur opposition car l’épanouissement d’un enfant ne peut se concevoir qu’avec « un papa et une maman ». Pourtant, il n’y a pas une seule étude scientifique qui confirme cette affirmation péremptoire, et de nombreux rapports montrent l’inverse.
Mais il ne faut pas croire que la structure familiale est le véritable objet de l’opposition à cette avancée sociétale. Depuis quatre-vingts ans, les groupes conservateurs et chrétiens, l’Eglise catholique en tête, s’opposent à toutes les avancées scientifiques dans le domaine de la procréation, et ceci avec ou sans père.
En 1934, Gregory Pincus (1903-1967), chercheur américain, fut le premier à annoncer avoir réussi la fécondation in vitro. Il subit les attaques de ses collègues, et de nombreux médias qui lui reprochèrent de « jouer à Dieu ». Sous la pression des milieux chrétiens, ses recherches controversées lui coûtèrent son poste à la prestigieuse université d’Harvard, qui ne souhaitait pas qu’il continue dans ce domaine. Précisions que la fécondation in vitro qu’il avait réussie était chez le lapin !
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