Elle a fêté son treizième anniversaire, lundi 15 août, en compagnie de ses proches, bénéficiant d’une « permission » accordée par les responsables du service d’hospitalisation pour adolescents (Shado) de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), structure qu’elle a intégrée au mois de juillet. Victime de harcèlement scolaire, Julie (le prénom a été modifié) a perdu pied en début d’année. La jeune fille a fait une fugue au cours de laquelle elle a nourri des idées suicidaires, avant d’être sujette à « des crises longues et intenses », au cours desquelles elle « se tape et convulse », ainsi que le rapportent ses parents, désemparés.
Le 4 février, ces derniers ont emmené leur enfant aux urgences du CHU de Nantes. « La salle d’attente était pleine de jeunes qui allaient mal, témoigne la mère de Julie. Quand le diagnostic est tombé – crise suicidaire –, le médecin m’a informée qu’il fallait absolument protéger ma fille, mais qu’il n’y avait pas de places d’hospitalisation en service pédopsychiatrique. »
Julie est admise en pédiatrie à l’hôpital de Châteaubriant (Loire-Atlantique), à 70 kilomètres de son domicile nantais, durant deux semaines. Outre la fatigue des déplacements, sa famille découvre des professionnels qui peinent à mettre en place un parcours de soins adapté aux besoins des jeunes patients, faute de bras et de structure idoine. « Ma fille se trouvait aux côtés d’enfants admis pour des fractures ou des maladies, rapporte sa mère. Elle a volé la clé d’une boîte à pharmacie et a ingéré des médicaments. Le personnel faisait tout son possible, mais les services pédiatriques ne sont pas adaptés pour les enfants en détresse psychologique. »
« Ce qui manque, ce sont les moyens »
A sa sortie, Julie bénéficie d’un suivi dans un centre médico-psychologique à raison de deux séances hebdomadaires. A la suite d’une grave crise, elle revient aux urgences, le 23 juillet. Faute de lits en pédopsychiatrie et du fait de son état agité, l’adolescente est transférée à Saint-Jacques, hôpital nantais consacré à la psychiatrie adulte. « Elle a été placée en chambre de soins et d’isolement pour la protéger de patients pouvant être dangereux, souffle le père de l’adolescente. C’est comme dans une prison, pire même. Une chambre sécurisée, un matelas, pas d’effets personnels. Notre fille nous a suppliés de la sortir de là. »
Les parents reprennent leur enfant à domicile contre l’avis de la communauté médicale, signature d’une décharge à l’appui : « C’est terriblement culpabilisant, on vit avec le poids qu’un drame survienne et, en même temps, il est impossible de se résoudre à mettre sa fille en “prison”. » Un autre passage à Saint-Jacques vire au cauchemar : « Les rares fois où notre enfant a pu sortir de sa chambre, elle a assisté à des scènes de violence terribles », confient les parents.
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