Tribune. La dégradation de l’offre de soins en pédiatrie, de l’exercice des pédiatres libéraux et de la pédiatrie à l’hôpital public a été dénoncée en 2020 par un rapport de l’IGAS. L’actuelle épidémie de bronchiolite met à terre des équipes déjà épuisées et sonne à nouveau l’alarme. Toutes les spécialités pédiatriques sont touchées, notamment la chirurgie, l’anesthésie, la pédopsychiatrie et l’imagerie, réalisée par les radiopédiatres.
Qu’est-ce qu’un radiopédiatre ? C’est un spécialiste de l’imagerie de l’enfant, un médecin radiologue qui intervient auprès des enfants, parfois depuis la vie fœtale, jusqu’à l’adolescence. Ils pratiquent des actes diagnostiques (radiographie, scanner, échographie, IRM) et pour certains également des gestes de radiologie interventionnelle (ensemble de techniques de traitements percutanés guidés par l’image permettant d’éviter des gestes chirurgicaux plus lourds).
Les radiopédiatres sont aussi ceux qui évaluent la pertinence et le choix des examens d’imagerie. Lorsque l’examen est indiqué, ils mettent en place des techniques de distraction (jeux, musique, simulateurs, hypnose conversationnelle) afin de limiter au maximum l’emploi de médications sédatives ou d’anesthésies générales. Les radiopédiatres participent aussi aux réunions de concertation multidisciplinaire et aux réunions éthiques pour décider de façon collégiale des meilleures stratégies thérapeutiques chez un enfant ou un nourrisson gravement malade.
Une offre en diminution
Les pathologies pédiatriques demandent un savoir-faire médical et technique particulier. Orientés par votre médecin généraliste ou votre pédiatre, c’est un radiopédiatre spécialisé ou un radiologue formé à la radiopédiatrie que vous rencontrez, en ville comme à l’hôpital, lorsque votre enfant boite, se casse le poignet, a mal au ventre, au dos, à la tête, présente une masse inquiétante, mais aussi s’il séjourne en réanimation pédiatrique, souffre d’un cancer, d’une maladie rare, a reçu une transplantation d’organe, afin de poser un diagnostic ou de contribuer au suivi évolutif…
Aujourd’hui, la probabilité que vous puissiez bénéficier de l’avis d’un tel spécialiste formé à la radiopédiatrie s’amenuise dangereusement. La Société francophone d’imagerie pédiatrique et prénatale (SFIPP) déplore que seuls 150 spécialistes sont aujourd’hui recensés sur l’ensemble du territoire, soit 1,7 % des radiologues, alors que la population des 0-19 ans représente 25 % de la population française ! Exsangue, cette surspécialité au sein de la spécialité radiologique menace aujourd’hui de disparaître.
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