
Trois mois après les premiers signalements de cas de variole du singe en dehors du continent africain, cinq cas mortels ont été rapportés dans quatre pays différents entre le 29 juillet et le 2 août. Si les causes précises des décès doivent encore être étudiées, certains éléments ont néanmoins été communiqués.
Au Brésil, il s’agit d’un homme de 41 ans souffrant de « comorbidités graves » ; au Pérou, c’est un homme séropositif ayant abandonné son traitement contre le VIH qui est mort lundi en étant infecté par la variole du singe. En Inde et en Espagne, trois personnes sont mortes avec des symptômes d’encéphalite, une inflammation des tissus permettant le fonctionnement du cerveau. Ces morts viennent s’ajouter aux cinq décès comptabilisés en Afrique depuis le début de l’année.
Le fait que ces morts interviennent au même moment aux quatre coins du globe a de quoi interpeller, mais, étant donné la forte augmentation du nombre de cas depuis quelques semaines – on en comptait de 23 000 à 25 000 selon les sources, mercredi 3 août –, le risque de cas graves voire mortels devenait mathématiquement plus important. « Si les cas continuent d’augmenter, il est possible qu’il en soit de même pour les décès, commente ainsi Luis Sigal, spécialiste des poxvirus à l’université Thomas Jefferson de Philadelphie (Pennsylvanie). L’espoir est que les traitements, qui sont efficaces, deviennent plus disponibles ; pour cela, il faudra que les gouvernements accélèrent leur mise à disposition. »
Vu le cycle de la maladie, dont le temps d’incubation médian est de sept jours (mais pouvant aller jusqu’à vingt jours), suivi d’environ trois semaines d’éruptions, il fallait par ailleurs s’attendre à ce que les complications les plus graves interviennent près d’un mois après les grands rassemblements festifs tenus entre la fin juin et le début juillet, considérés par les autorités sanitaires comme des événements à fort risque de contamination.
Souche du Nigeria
« Il est difficile de prédire l’avenir, mais nous disposons maintenant d’un échantillon de grande taille et le taux de létalité pour cette année est de 0,05 %, selon les chiffres rapportés », explique Chloe Orkin, directrice du projet Share à l’université Queen Mary, à Londres, et principale autrice de la plus grande étude sur la récente flambée de variole du singe publiée dans The New England Journal of Medicine. Jusque-là, le taux de létalité, c’est-à-dire le nombre de personnes décédées parmi la population infectée, était estimé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entre 3 % et 6 % pour les dernières épidémies africaines de variole du singe.
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