Le champignon Candida auris, pouvant provoquer de graves infections, a été identifié chez plusieurs patients de l’hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil.
Publié à 10h14
Le 8 septembre dernier, une personne suspectée d’être porteuse de Candida auris a été placée en isolement à l’Hôpital Pierre-Boucher, ainsi que tous ses contacts étroits.
« Des mesures de prévention et contrôle des infections additionnelles ont été mises en place pour les usagers confirmés et suspectés, notamment l’isolement des contacts positifs, hygiène des mains, masque, blouse, gants, utilisation de produits chlorés pour désinfection du matériel et des surfaces touchées fréquemment », a indiqué à La Presse la porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux, Marjorie Larouche.
Jusqu’à présent, deux cas porteurs sont confirmés. La source est toujours à déterminer, puisque les patients ne revenaient pas de voyage.
Une infection sévère
L’infection à ce champignon touche principalement les patients hospitalisés ou immunodéprimés. Le taux de mortalité est d’environ 60 %, indique l’Institut national de santé publique du Québec.
Candida auris est un champignon émergent qui représente « une grave menace pour la santé mondiale », déclarent les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis sur leur site internet.
Les patients qui ont été hospitalisés dans un établissement de santé pendant une longue période, qui ont un cathéter veineux central ou qui ont déjà reçu des antibiotiques ou des médicaments antifongiques, semblent être les plus exposés au risque d’infection par cette levure, détaillent les CDC.
Chez certains patients, cette levure peut pénétrer dans la circulation sanguine et se propager dans tout le corps. Il est toutefois difficile de l’identifier avec les méthodes de laboratoire habituelles et elle peut être mal identifiée dans les laboratoires qui ne disposent pas de la technologie spécifique, prévient la Santé publique du Canada.
Ce champignon a été identifié pour la première fois au Japon en 2009. Depuis, il a été signalé dans 17 pays sur cinq continents.
Les changements climatiques sous la loupe
Selon le centre de collaboration nationale des maladies infectieuses du Canada, il y a des raisons de croire que la hausse des températures attribuable aux changements climatiques contribue à la propagation du champignon.
Pour la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, médecin de famille à Montréal, qui s’intéresse au lien entre la santé et l’environnement, l’éclosion n’est pas une surprise. C’est « une conséquence de nos nombreuses actions ». Ce n’est pas « inattendu » ni « surprenant », a-t-elle déclaré jeudi matin sur Twitter.
« De nombreuses maladies et infections sont influencées, aggravées, accélérées par les crises environnementales : dérèglements, fragmentations des habitats, déclin de la biodiversité », a-t-elle indiqué.
Un champignon résistant
L’infection à ce champignon est souvent résistante à plusieurs médicaments couramment utilisés pour la traiter. « La résistance antimicrobienne est excessivement bien documentée et accélérée entre autres par le recours à l’antibiothérapie massive pour l’agriculture de masse et la consommation importante d’antibiothérapie pour des usages non indiqués », a expliqué la Dre Pétrin-Desrosiers.
En mai 2017, un premier cas multirésistant a été déclaré au Canada dans le conduit auditif externe d’une personne âgée de 64 ans qui présentait une otite externe chronique. L’acquisition de cette souche pourrait être survenue en Inde.
Il s’agissait de la première souche multirésistante identifiée au Canada. Auparavant, six souches avaient été identifiées au Canada, dont une au Québec en 2012, mais elles étaient toutes sensibles aux antifongiques habituels.