Ne l’appelez plus sieste. Appelez-la : power nap. Rien que le nom lui donne des airs de super-héros. Elle ne repose pas, elle donne de la puissance. Face à une horde de monstres armés de fléaux, brandissez la power nap et mettez vos ennemis en déroute ! Redescendons sur terre : la power nap est, plus prosaïquement, le nom que l’on donne à une courte sieste, dans le jargon d’entreprise.
Bienvenue dans un monde où l’humain, à l’instar d’un smartphone, doit « recharger ses batteries » plutôt que dormir. L’expression power nap a été inventée par le psychologue américain James B. Maas, dans son livre Power Sleep, paru en 1998 (non traduit). C’est une sieste « énergisante », de cinq à vingt minutes, à effectuer dès que la fatigue se fait ressentir. Elle permet de retrouver son efficacité au travail, voire… d’en gagner.
La NASA l’a montré en 2015 : vingt minutes de sieste permettent de gagner jusqu’à 35 % de productivité
Car la NASA (l’agence spatiale américaine) l’a montré, étude à l’appui, en 2015 : vingt minutes de sieste permettent de gagner jusqu’à 35 % de productivité. Dès lors, les entreprises ne pouvaient qu’adouber le roupillon. L’université de Chicago en a remis une couche, démontrant que la sieste réduisait le stress. Les directions de la santé au travail l’ont donc consacrée.
Si, au Japon, s’endormir au bureau est culturellement ancré, puisque l’inemuri, que l’on pourrait traduire par « dormir tout en étant présent » (à différencier de hirune, la sieste proprement dite et intentionnelle), existe depuis plus d’un millénaire, la France a longtemps été rétive à cette pratique.
Des « cocons de sieste » au bureau
Néanmoins, les entreprises de taille moyenne commencent à s’équiper. Pour lui faire intégrer le monde professionnel sans faire trop de vagues, elles font appel à des start-up qui apportent des solutions sur mesure. C’est le cas de Nap & Up, spécialisée dans le « mobilier de sieste en entreprise ». Depuis 2016, elle fournit d’élégants « cocons de sieste », chaises longues équipées de capotes dépliantes colorées, à la façon des poussettes dernier cri, reliées à des applications pour y diffuser de la musique et réserver un créneau.
Mais cette offre, pour la jeune entreprise, doit être pensée comme un tout : « Il faut une phase de diagnostic pour évaluer les besoins de nos clients et s’assurer que le projet fonctionne sur le long terme, explique la cofondatrice Camille Desclée. Après, l’objet en lui-même suffit. Sa flexibilité est aussi notre pari. Par exemple, on peut le déployer dans une salle de réunion, entre 12 heures et 15 heures. »
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