Malgré l’interdiction, deux tiers des buralistes (64 %) continuent de vendre du tabac à des mineurs. C’est le résultat d’une étude menée en 2021 par le Comité national contre le tabagisme, publiée jeudi 10 mars, qui met en avant une « stagnation » des résultats obtenus par rapport à la dernière enquête, menée en 2019.
Selon l’étude, 70 % des buralistes visités ne demandent pas l’âge de leur client et 15 % d’entre eux, informés de l’âge du mineur, acceptent de lui vendre du tabac. La situation est plus préoccupante dans les grandes villes : uniquement 23 % des buralistes des villes de plus 15 000 habitants refusent de vendre à des mineurs, contre 48 % pour les villes de moins de 3 500 habitants. En France, la loi interdit pourtant la vente de tabac aux moins de 16 ans depuis 2003, et aux moins de 18 ans depuis 2009.
L’étude se rattache à un projet d’ensemble, financé par le Fonds de lutte contre les addictions, dans le cadre d’un programme national de lutte contre le tabac. « L’objectif est de parvenir à une génération sans tabac d’ici à 2030. C’est-à-dire que moins de 5 % des jeunes arrivant à l’âge de la majorité en 2030 consomment du tabac », explique Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme.
Contrôles trop rares
L’enquête a été menée par le biais de 403 visites mystères en novembre 2021. Les visites se font en binôme avec un jeune de 17 ans qui vient acheter le tabac, et un accompagnant adulte chargé de vérifier la signalétique relative à l’interdiction de vente aux mineurs. Les résultats obtenus mettent en lumière une dégradation sur ce deuxième point. Deux bureaux de tabac visités sur trois présentent une affichette signalant l’interdiction, mais uniquement 42 % ont une affiche visible et conforme à l’arrêté en vigueur, contre 49 % en 2019.
Une situation « inacceptable », pour Mme Béguinot, alors qu’un « effort de sensibilisation » a été mené auprès des buralistes. Le comité prône davantage de contrôles, trop rares, selon lui, voire inexistants. « La profession des débitants de tabac a été très aidée et financée par les pouvoirs publics, à travers les contrats d’avenir, l’aide à la diversification, ou l’augmentation des rémunérations. En échange, ils étaient censés respecter les législations en vigueur », commente Mme Béguinot.
« Le tabagisme est une épidémie pédiatrique, rien ne peut plus justifier qu’une profession massivement subventionnée persiste dans ces pratiques illégales, des sanctions dissuasives doivent être appliquées », insiste Yves Martinet, président du Comité. « Il y a bien eu des fermetures administratives pour le non-contrôle des passes sanitaires. Nous demandons un dispositif efficace : le retrait ou la suspension de la licence quand il y a récidive », ajoute Mme Béguinot.
Il vous reste 22.15% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.