
Comment mieux contrôler l’impact de la guerre en Ukraine sur notre santé mentale ? « Il n’y a pas de remède miracle, mais il y a des outils efficaces », observe David Gourion, psychiatre libéral, auteur de l’ouvrage Antistress (Marabout). La plupart sont des outils classiques de gestion du stress, d’autres relèvent de recommandations de bon sens.
« La première chose est de limiter notre temps d’écran – télévision, chaînes d’information en continu, réseaux sociaux – qui nous confronte à des images violentes, préconise Coraline Hingray, psychiatre au centre hospitalier régional universitaire de Nancy. Mieux vaut privilégier la presse écrite, qui montre plus de recul sur les événements. » Mieux vaut aussi « espacer la consultation des actualités, sans pour autant faire l’autruche », ajoute le professeur Eric Bui, psychiatre au CHU de Caen.
« Par rapport à ceux qui s’informent principalement par la télévision, j’ai un regard bien moins émotif », témoigne Philippe Engammare, 59 ans, qui a répondu à un appel à témoignages lancé par Le Monde. Avec les journaux télévisés, « les images de destruction, les commentaires de gens éplorés… agissent forcément sur notre psychisme : c’est anxiogène ». En revanche, « lire des articles, aller glaner des informations à plusieurs sources empêchent, au moins partiellement, l’émotion d’amoindrir les capacités de réflexion », écrit-il.
« Sentiment d’impuissance
Le second type de leviers d’action possibles consiste à « trouver des moyens d’agir pour sortir de l’impuissance », recommande Coraline Hingray, coautrice de l’ouvrage Le Trauma : Comment s’en sortir ? (De Boeck Supérieur, 2020). Face à la détresse du peuple ukrainien, nous sommes souvent dans l’empathie. L’idée est donc de s’appuyer sur cette empathie pour agir. Participation à une collecte, accueil de migrants… : « Toute forme d’engagement est bienvenue, dans une visée altruiste mais aussi plus égoïste, explique la psychiatre, car l’action atténue notablement le stress. »
« J’ai un terrible sentiment d’impuissance, de néant, d’inertie qui m’envahit, confie Karyne Lamouille, 52 ans. L’impression de vivre une dystopie frappant nos quotidiens depuis 2020. » Elle s’interroge : « Comment aider au mieux ? Je prévois de m’inscrire sur une liste afin d’accueillir une Ukrainienne chez moi. »
Le troisième type de riposte, contre le stress, renvoie à la métaphore du « coffre-fort » personnel que nous détenons tous. Ce coffre-fort est rempli de pièces : les ressources tirées des éléments gratifiants de notre vie (amour de nos proches, succès divers, loisirs favoris…). Mais ce coffre-fort se vide à mesure que nos dépenses augmentent, à cause des contraintes et des éléments stressants de notre vie. « L’idée est donc de réapprovisionner notre coffre-fort avec toutes les ressources possibles », souligne Coraline Hingray. Nous entourer de nos proches, prendre soin d’eux, discuter avec des amis bienveillants, multiplier les loisirs et les activités sportives que nous aimons, prendre soin de nous…
Il vous reste 44.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.