Il s’agit des plus hauts niveaux de passages aux urgences et d’hospitalisations depuis dix ans en France. L’épidémie de bronchiolite déferle sur des services de pédiatrie exsangues, en déficit de personnel et donc de capacité d’accueil des nourrissons. Si différents virus peuvent être à l’origine de cette obstruction des bronchioles, les ramifications les plus étroites de l’appareil respiratoire, le principal responsable est connu : le virus respiratoire syncytial (VRS).
Très contagieux, ce virus affecte tous les ans environ 64 millions de personnes dans le monde, avec un risque élevé d’hospitalisation pour les enfants de moins de 1 an et les personnes âgées. Environ 160 000 en meurent, chaque année, aux trois quarts des enfants de moins de 5 ans, selon une étude parue, en mai, dans The Lancet. En France, le taux de mortalité est inférieur à 1 %, soit plusieurs dizaines de morts par an.
Ce virus à ARN de la famille des pneumovirus a été identifié pour la première fois chez un enfant en 1957. Malgré tout, depuis soixante ans, relativement peu de traitements ont été développés et la prise en charge reste avant tout symptomatique : nettoyage du nez, médicaments contre la fièvre, hydratation, ventilation et intubation dans les cas les plus graves. « Vu que c’est une épidémie hivernale qui a un impact sanitaire important, c’est étonnant qu’on n’ait jamais lancé de stratégie visant tous les nouveau-nés en période hivernale », souligne Pierre Tissières, chef du service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Bicêtre, au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne).
Mais de nombreux industriels travaillent à des stratégies thérapeutiques qui pourraient changer le visage des futures épidémies en réduisant le nombre d’enfants à accueillir à l’hôpital. Trente-trois traitements préventifs du VRS sont en cours de développement clinique, dont neuf en phase avancée. Vendredi 4 novembre, les laboratoires Sanofi et AstraZeneca ont annoncé que la Commission européenne avait approuvé leur anticorps monoclonal, le nirsevimab, vendu sous le nom de Beyfortus.
Essais cliniques
Il s’agit d’un traitement par anticorps de synthèse à injecter chez le nourrisson pour lui mettre directement à disposition des armes pour lutter contre le virus. On parle alors d’immunisation passive, contrairement aux vaccins, qui apprennent au corps à fabriquer lui-même des anticorps. « C’est la stratégie la plus séduisante pour les nouveau-nés, car il y a peu d’effets secondaires », note Marie-Anne Rameix-Welti, virologue à l’hôpital Ambroise-Paré, à Paris. Par ailleurs, cela permet d’établir une protection plus rapide qu’avec un vaccin.
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