Est-ce la fin du règne du Botox ? Début septembre, l’agence américaine du médicament a donné le feu vert à la commercialisation aux Etats-Unis du Daxxify, un produit pour le traitement des rides du lion, ces sillons dus à des contractions musculaires qui apparaissent avec l’âge entre les sourcils. De quoi donner quelques rides d’inquiétude à l’iconique Botox, commercialisé par la Big Pharma américaine AbbVie. Jouissant d’une renommée internationale, cette dernière domine depuis plus de vingt ans le très lucratif marché des injections de toxine botulique à visée esthétique.
Avec une croissance annuelle moyenne de près de 15 % depuis 2018, son nombre d’adeptes ne cesse de grossir ces dernières années, porté en partie par l’engouement des influenceurs sur les réseaux sociaux. En 2021, l’antirides a ainsi rapporté 2,23 milliards de dollars (2,23 milliards d’euros) dans le monde au laboratoire pharmaceutique. De confortables revenus, auxquels s’ajoutent les ventes, tout aussi juteuses (2,45 milliards de dollars), du produit lorsqu’il est utilisé à des fins thérapeutiques.
Car le Botox a aussi des vertus médicales, bien qu’elles soient moins connues. Il s’utilise notamment dans le traitement de la migraine, de la vessie hyperactive, de l’incontinence urinaire ou encore de la dystonie cervicale (contractions musculaires involontaires du cou). L’arrivée du Daxxify, déjà surnommé « Daxxi » par les spécialistes, pourrait cependant menacer cet empire au cours des prochaines années.
Bataille ardue
La biotech américaine Revance, qui l’a mis au point, n’est pas la première à se lancer à l’assaut du Botox. En 2019, son compatriote Evolus, cofondé par un ancien du laboratoire pharmaceutique Allergan (propriétaire du Botox avant son rachat par AbbVie en 2019), avait déjà tenté d’ouvrir une brèche en lançant le Jeuveau, un antirides concurrent à prix cassé. Avec près de 100 millions de dollars de ventes en 2021, il n’a toutefois réussi, jusqu’à présent, qu’à capturer une fraction du marché.
En commercialisant le Daxxify, Revance espère faire beaucoup mieux. La biotech dispose pour cela d’un atout sérieux sur ses adversaires, qui pourrait faciliter son adoption sur le marché : une durée d’action plus longue des effets lissants de son produit sur les rides. Face au Botox, dont les effets d’une injection s’estompent au bout de trois à quatre mois en moyenne, ceux de son rival perdureraient, selon les études cliniques menées, de six à neuf mois.
De quoi réduire, en pratique, de moitié le nombre d’injections annuelles nécessaires pour les clients. Cela suffira-t-il à faire sa fortune ? La bataille face au roi du Botox pourrait se révéler ardue. AbbVie n’est pas prêt à laisser des concurrents empiéter sur les plates-bandes de son produit vedette. La société dispose d’une importante force de frappe commerciale, et de moyens financiers considérables comparés à son jeune rival.
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