
Pour tenter de démêler la mise en place de la réforme des études de santé, mieux vaut s’armer d’une bonne dose de patience et de concentration. « Je vais vous envoyer une diapositive, mais vous risquez de reculer d’un mètre ! », prévient Cyrille Blondet, maître de conférences des universités et praticien hospitalier à la faculté de médecine de Strasbourg. « Ça y est, je vous ai perdue ? », s’inquiète Nicolas Lerolle, doyen de la faculté de médecine d’Angers et membre du comité de pilotage de cette réforme dite « du premier cycle », entamée à la rentrée 2020.
Sur le papier, les objectifs étaient clairs : en finir avec la première année commune aux études de santé (Paces), concours ultra-sélectif permettant de poursuivre en médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie (MMOP) et, parfois, kinésithérapie, conditionné par un numerus clausus qui laissait de côté nombre d’étudiants dépités. Avec deux nouvelles voies d’accès, le PASS – pour « parcours d’accès spécifique santé » – et la L.AS, pour « licence avec option accès santé », afin de varier les modes de sélection, diversifier le profil des candidats et sortir de la logique d’échec en ayant toujours un plan B.
« C’était un vrai crève-cœur de voir des jeunes qui, après deux années de Paces, se retrouvaient sans rien. Là, ils peuvent valider leurs années de licence et avancer », fait valoir Vincent Deramecourt, médecin neurologue et assesseur du PASS et de la L.AS à la faculté de médecine de Lille.
Des possibilités variées
En PASS, l’étudiant suit des cours en santé (sa « majeure »), avec, en plus, une mineure de son choix (droit, psychologie, langues, biologie, histoire…), selon ce qui est proposé dans son université. Si, à la fin de l’année, il n’est pas reçu dans l’une des cinq filières médicales mais qu’il a bien les 60 crédits qui valident son année, il poursuit en deuxième année de licence de sa mineure, le redoublement n’étant plus possible. Il sera alors en L.AS 2 : le droit, la psychologie ou les langues prendront le dessus par rapport à ses enseignements de santé.
En L.AS, c’est l’inverse. L’étudiant opte pour une licence de biologie, Staps ou encore philosophie, à laquelle est adossée une mineure en santé. S’il échoue au classement des études de santé mais valide son année, il passera dans la L.AS 2 de sa discipline. Au total, plus de 500 L.AS étaient proposées cette année sur Parcoursup : les possibilités sont variées.
Bien que toujours sélectif, le désormais « numerus apertus », fixant le quota de places en deuxième année, s’accompagne d’une augmentation du nombre d’admis. En 2020-2021, plus de 17 000 étudiants ont été admis en MMOP, dont plus de 11 000 en médecine – soit une hausse totale de 13 %, et de 19,5 % pour la filière médecine. « L’admission est gérée par chaque université en fonction des besoins de santé du territoire, précise le ministère de l’enseignement supérieur. Le nombre d’inscrits et les besoins de soins territoriaux peuvent créer quelques disparités. »
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