
C’est une guerre feutrée qui agite l’industrie pharmaceutique depuis plus d’une décennie. Quinze ans après leur arrivée en France, les biosimilaires – ces copies quasi-identiques de médicaments biologiques dont le brevet est tombé dans le domaine public –, continuent de faire l’objet d’un bras de fer tendu entre les « Big Pharma » et les laboratoires qui commercialisent ces « presque » génériques.
Soucieux de préserver les confortables parts de marché de leurs biomédicaments, les premiers tentent de freiner toute mesure gouvernementale susceptible de menacer leur pré carré, tandis que les seconds militent activement pour accélérer le recours aux biosimilaires.
Au cœur de la bataille, le ministère de la santé, qui s’est saisi du sujet, cherche un consensus. Il devrait rendre ses arbitrages dans les prochaines semaines. Objectif : inscrire les futures mesures au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui sera voté à l’automne par le Parlement
Avec des prix de vente de l’ordre de 20 % à 40 % moins chers que les médicaments biologiques de référence, les biosimilaires représentent un gisement d’économies potentielles non négligeable pour l’Etat. En 2017, la Cour des comptes calculait ainsi qu’une substitution à 80 % des huit biomédicaments – ayant perdu, ou sur le point de perdre leur brevet à l’époque – par des biosimilaires permettrait à l’Assurance-maladie d’épargner 680 millions d’euros par an.
Marché en plein essor
Une estimation rondelette, qui devrait encore augmenter dans les années à venir, de nombreux brevets de médicaments biologiques devant arriver à échéance d’ici à 2030. D’autant que le marché de ces médicaments, dont les molécules sont produites à partir d’organismes vivants – contrairement aux médicaments « classiques », obtenus par synthèse chimique –, est en plein essor.
« Ce sont les produits de demain. Ils sont utilisés pour le traitement de certains cancers, de maladies inflammatoires ou chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde et le diabète, ou encore de maladies orphelines. La majorité des innovations thérapeutiques commercialisées ces dernières années sont des médicaments biologiques », observe Catherine Bourrienne, déléguée générale du Gemme, le lobby des fabricants de génériques et biosimilaires, qui insiste également sur l’intérêt d’une offre plus élargie pour garantir la sécurité des approvisionnements en cas de pénurie sur un médicament.
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