Quatre mois après l’émergence du mouvement #balancetonbar, l’heure est à l’examen de conscience pour les établissements de nuit, cités dans les témoignages sur des cas d’intoxication et de violences sexuelles. Dans le cadre d’une campagne menée à l’occasion de la réouverture des discothèques, mercredi 16 février, les professionnels de la nuit parisienne sont appelés à se former aux problématiques de consentement qui ont émergé à l’automne.
« Corps à corps, pas sans mon accord » et « Touche pas à mon drink [“verre”] » : les noctambules parisiens découvriront, dès mercredi, ces deux slogans de campagne contre les « violences sexistes et sexuelles ». Durant un mois, ils seront projetés sur les écrans d’une cinquantaine d’établissements de nuit parisiens.
Parallèlement, l’association Consentis va commencer à former des employés de discothèques, de bars et de salles de concerts à mieux réagir face aux situations de violence sexuelle. L’association, qui œuvre en faveur d’une meilleure prévention et sensibilisation à propos des violences sexuelles et sexistes en milieu festif, insistera notamment sur la prise en charge des victimes présumées d’une soumission chimique.
Soixante établissements formés
La Ville de Paris, à l’initiative de cette campagne à laquelle participent également l’Etat, l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, les organisations syndicales de professionnels et des associations, espère que « l’ensemble des clubs participe à ces formations ». Elle vise environ soixante établissements formés dans l’année, a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) Frédéric Hocquard (Génération·s), adjoint à la maire de Paris chargé de la vie nocturne.
A l’automne, les témoignages de femmes victimes de viol ou d’agressions sexuelles dans des bars ou discothèques de France s’étaient multipliés sur les réseaux sociaux, mettant en cause le GHB, la drogue dite « du violeur ». La procureure de Paris avait annoncé l’ouverture d’une enquête après avoir reçu une dizaine de plaintes de personnes affirmant avoir été droguées dans des bars ou des discothèques de la capitale.
Même si, « sur le plan policier, il n’y a pas de vague à Paris », il y a en revanche « une libération de la parole » dans la capitale vis-à-vis de « problèmes de comportement », estime M. Hocquard, qui a tenu vendredi un conseil de la nuit sur le sujet. L’élu veut « aider les établissements, les patrons de bar à faire en sorte que leurs lieux soient safe [“sûrs”], que personne n’ait peur de sortir ».
Le label qu’entend attribuer la Ville, qui injecte 45 000 euros dans cette campagne, aux clubs qui se seront formés « ne veut pas dire que des personnes mal intentionnées n’y viendront pas », relève M. Hocquard. « Mais si des cas se produisent, il y aura des réponses adéquates au niveau du personnel. »