
Durant sa grossesse, elle dit avoir « navigué à vue ». Puis, quand l’une de ses sœurs est tombée enceinte quelques années plus tard, rien n’avait changé. Alors, Clémentine Galey, mère de deux enfants de 8 et 10 ans, s’est chargée de répondre à toutes les questions sans réponse de sa cadette. Naît alors l’idée de créer un podcast, sans se douter qu’elle serait couronnée de succès.
En avril 2018, directrice de casting chez TF1, Clémentine Galey lance donc, en parallèle de son activité, « Bliss Stories », un podcast dans lequel des femmes racontent leur histoire de maternité. A l’ère des mamans parfaites qui règnent alors sur Instagram, la Parisienne de 43 ans met un coup de pied dans la fourmilière : elle réussit le pari de faire parler – sans filtre cette fois – ces influenceuses. Coup de génie, et de marketing : « gratter le vernis » de ces mères toujours apprêtées en montrant l’envers du décor et s’assurer de l’oreille attentive d’un certain nombre de leurs abonnées.
Très vite, les compteurs s’envolent. Le podcast hebdomadaire, qui atteint désormais plus de 600 000 écoutes par mois, se classe dans le top 5 des podcasts natifs – programme audio créé spécifiquement pour une diffusion numérique – les plus écoutés en France, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias, et cumule 25 millions d’écoutes depuis son lancement, selon sa productrice. La demande est là, et l’offre explose. Des dizaines de femmes, connues ou anonymes, lui écrivent pour témoigner. « Il y avait un créneau à prendre », analyse Clémentine Galey, qui a quitté son emploi salarié et vit de son podcast depuis bientôt trois ans.
Du plus ordinaire au plus tabou
Avec près de 200 épisodes, la tribune hebdomadaire offerte à ces mères aborde sans complexe tous les sujets, des plus ordinaires aux plus tabous : fausse couche, allaitement, post-partum, don d’ovocytes, GPA, adoption, deuil périnatal, déni de grossesse, avortement… Mais aussi tous les moments de bliss (« extase », « béatitude », en anglais) qu’apporte la maternité.
Clémentine Galey se souvient encore du sentiment d’« urgence que ces femmes avaient à parler ». « J’étais submergée de mails bouleversants. Je lisais toutes ces histoires vécues en simultané, alors que ces femmes pensaient être seules à les vivre. Le format audio m’est apparu comme un moyen fabuleux de parler de l’intime et de transmettre les informations », confie-t-elle.
En quatre ans, Clémentine Galey a construit une véritable marque, avec un ouvrage, Bliss Stories. Le livre décomplexé sur la grossesse et l’accouchement, (Hachette Pratique, 2020), une chaîne YouTube, un programme audio d’accompagnement de la future parturiente et du post-partum (« Bliss Bump »), et même un spectacle, actuellement en tournée dans plusieurs villes de France, avec à l’affiche de nombreuses invitées passées à son micro. Les posters « Bliss Stories » fleurissent dans les salles d’attente des sages-femmes et gynécologues, dont certains recommandent l’écoute du podcast à leurs patientes.
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