« J’étais bien content de les trouver !, lâche Pierre Muller, lunettes et masque sur le visage, en attendant son heure de rendez-vous devant le groupe médical des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes (Essonne), dans le sud de la région francilienne. Mon médecin est parti à la retraite et après, ça a été “démerdez-vous !” » Cet homme de 66 ans, suivi depuis cinq ans par la docteure Vincendon, notamment pour de l’hypertension, n’a pas eu à chercher trop longtemps. « Chez les médecins d’en bas [le centre-ville], personne n’a voulu me prendre, raconte-t-il. Il y en a même un qui a un écriteau sur la porte, pour dire qu’il ne prend pas de nouveaux patients. C’est la pharmacienne qui m’a dit de venir là. » Depuis, l’ancien conseiller de vente chez Carrefour, qui a commencé à travailler à 14 ans, mesure sa chance. « Même quand mon docteur n’est pas là, ici, il y a un remplaçant. C’est sûr que c’est du luxe. »


A l’intérieur de la maison pluriprofessionnelle de santé (MSP), créée et installée depuis 2015 dans les nouveaux immeubles qui se construisent à grande vitesse dans le sud des Tarterêts, la salle d’attente ne désemplit pas. Une grande porte s’ouvre, menant à une armée de soignants. Cinq médecins généralistes, trois kinésithérapeutes, deux infirmières libérales, une diététicienne, un podologue-pédicure, un ostéopathe… Et même deux spécialistes : un psychiatre et un cardiologue, installés dans l’aile gauche de ces 600 mètres carrés en rez-de-chaussée. « On est bien équipé », constate la docteure Enora Vincendon, généraliste de 39 ans, qui n’oublie pas de présenter la piscine de balnéothérapie, la seule à des kilomètres à la ronde.
La structure, qui unit des professionnels libéraux, a succédé à un cabinet classique de médecins, kinés et infirmiers, qui existait déjà depuis près d’une trentaine d’années au cœur des Tarterêts. Ces maisons pluriprofessionnelles, qui ont doublé, avec les centres de santé, sur ces cinq dernières années, selon le gouvernement, font partie des solutions mises en avant par de nombreux acteurs du secteur pour lutter contre les déserts médicaux, avec leur caractère attractif pour les jeunes médecins enclins à un exercice collectif. Soutenues financièrement par l’Etat, elles donnent lieu à différents engagements des professionnels autour d’un travail coordonné, sur des missions publiques comme la prévention, ou encore sur la mise en place de « protocoles de soin » pour prendre en charge au mieux certaines pathologies. Des réunions collectives, une fois par mois, permettent qu’ils discutent ensemble des patients dont l’état suscite des questions.
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