
Comment continuer à répondre aux besoins de la population avec l’un des principaux services d’urgence du territoire qui ferme la nuit, faute de soignants suffisants ? Face à ce casse-tête, qui a commencé le 18 mai, le CHU de Bordeaux rode une organisation de crise. De 17 heures à 8 heures, les urgences du centre hospitalier Pellegrin sont désormais « fermées », avec un filtrage des patients à l’entrée. Seules les urgences vitales ou aiguës continuent à y être orientées. Et c’est en grande partie sur les épaules du SAMU que repose la mission de trier les demandes, alors que la population a été appelée à ne pas se présenter aux urgences mais à passer par un appel au 15.
Au premier jour de l’« expérimentation » de ce nouveau protocole, « 1 000 appels [ont été reçus] sur la journée entière, 400 dans la soirée, dont 20 à partir de l’interphone des urgences, soit une situation plutôt normale », se rassure Philippe Revel, chef des urgences et du SAMU du CHU.
Pour le créneau de 17 heures à 22 heures, où le nombre d’appels peut encore être conséquent, une « cellule miroir » composée d’étudiants bénévoles supervisés par un assistant de régulation médicale (ARM) a été mise en place au SAMU. Son rôle : répondre à l’interphone à l’entrée des urgences et procéder à un premier tri. Pour les cas les plus sérieux, l’appel est ensuite transféré aux répondants habituels du SAMU, qui jugent de la gravité de leur état.
« On est tous épuisés »
A quelques couloirs de la cellule miroir, dans la salle de régulation du 15, l’endroit où l’on essaie de trouver aux patients nécessitant une hospitalisation un service qui peut les accueillir, il manque aussi du personnel. « Quatre, cinq postes », évalue le professeur Revel. « On nous a appris à travailler avec peu d’effectifs, de moyens. C’est une situation qui traîne depuis des années », raconte une ARM en poste depuis une dizaine d’années, qui souhaite garder l’anonymat.
Devant son écran, elle montre les appels en attente, soit les patients qui doivent attendre avant de pouvoir obtenir un interlocuteur. Une situation que la plate-forme du SAMU vit chaque jour, mais qui prend une tournure plus difficile ces derniers temps. La jeune femme raconte, en effet, les tentatives désespérées, parfois, de trouver un lieu qui peut accueillir les patients. « Toutes les urgences de la Gironde sont saturées », s’indigne-t-elle.
Quand il ne s’agit pas d’une véritable urgence, certains appelants sont encouragés à joindre plutôt SOS Médecins, ouvert jour et nuit, face à l’hôpital. « Beaucoup d’appels au 15 relèvent de la médecine générale », pointe Philippe Revel.
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