
La maire socialiste (PS) de Paris, et candidate à la présidentielle de 2022, Anne Hidalgo, s’est rendue, mardi 21 septembre au soir, devant les jardins d’Eole, dans le 19e arrondissement de la capitale, où se trouvaient plus d’une centaine de toxicomanes ; elle y a interpellé le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. « Cette situation n’a que trop duré », a dit l’élue à l’Agence France-Presse (AFP), en arrivant rue Riquet.
Les consommateurs de crack sont installés à cet endroit depuis que, à la mi-mai, la Préfecture de police et la mairie se sont accordées pour les regrouper dans la partie nord des jardins d’Eole afin de soulager le quartier voisin de Stalingrad.
Mais à la fin du mois de juin, Anne Hidalgo avait décidé de mettre fin à cette situation provisoire en interdisant aux consommateurs de crack d’accéder au parc, afin que les habitants puissent à nouveau le fréquenter.
« Cela a eu un effet pervers : ils se sont regroupés dehors », a reconnu l’édile, mais « le fait de laisser un grand marché de crack à ciel ouvert dans la tolérance totale des autorités de police, ce n’est pas acceptable », a-t-elle ajouté à l’intention du préfet Didier Lallement. « J’en appelle au ministre de l’intérieur » pour régler le « problème de sécurité » dans ce quartier du nord de Paris, a encore dit la maire dénonçant une « situation absolument inacceptable ».
La Préfecture évoque une « action policière très soutenue »
A la mi-journée, la Préfecture de police avait répondu aux critiques répétées Mme Hidalgo. « Le secteur de Stalingrad et d’Eole continue plus que jamais de faire l’objet d’une action policière très soutenue », avait-elle affirmé par communiqué.
Entourée des maires (PS) des 18e et 19e arrondissements, de quelques adjoints et d’agents municipaux, Anne Hidalgo est ensuite allée à la rencontre d’une poignée de riverains et de toxicomanes, s’arrêtant juste devant le campement de ces derniers.
« Le crack, ça désociabilise, ça vous ramène plus bas que terre », lui a dit une jeune femme hébergée depuis huit mois dans un hôtel. « J’ai passé quatre ans dans la rue, parfois en marchant nu-pieds, parfois à tapiner pour dix, cinq euros parce que j’étais complètement accro », a-t-elle raconté.
« Chez nous, il y a beaucoup de gens qui sont partis à l’hôpital ; ils sont revenus », lui a dit une autre femme, alors que Mme Hidalgo considère les établissements de santé comme « une piste » face au refus des riverains de voir s’implanter des salles de soins près de chez eux.
Quelques riverains ont échangé avec la maire, d’autres l’interpellant de manière plus hostile. « On veut une évacuation », a réclamé Kamel, un habitant du quartier, alors que Mme Hidalgo refuse la proposition de la Préfecture de police d’évacuer les consommateurs de crack vers la porte de La Villette ; elle privilégie une « solution pérenne » qui consiste, pour elle, en la multiplication de petites structures d’accueil.